La cigarette électronique peut aider à arrêter de fumer. Dans un rapport, l’Académie nationale de médecine a tranché. Elle se déclare en faveur d’un nouveau statut pour l’e-cigarette. Les recharges les plus dosées en nicotine devraient même obtenir un statut de médicament, selon les rapporteurs Gérard Dubois, Jean Costentin et Jean-Pierre Goulle.
9 à 450 fois moins toxique
Les vapoteurs français sont au nombre de 3 millions. La moitié d’entre eux sont des usagers quotidiens, selon le dernier baromètre santé INPES. L’Académie nationale de médecine en prend acte : la cigarette électronique a changé le visage de la lutte anti-tabac depuis trois ans. Ce constat a motivé une revue de la littérature disponible sur les bénéfices et les risques de cet appareil créé en 2006.
L’e-cigarette entretient la gestuelle du fumeur, et permet d’inhaler la nicotine. Elle parvient moins vite au cerveau qu’avec un substitut nicotinique, 7 secondes en moyenne. A court terme, vapoter se révèle moins toxique que fumer. La concentration en carcinogènes est 9 à 450 fois moins élevée selon les études. En outre, l’aérosol ne contient ni monoxyde de carbone ni goudrons.
La cigarette électronique se révèle aussi plus efficace que les substituts nicotiniques pour réduire le nombre de cigarettes fumées. Pour ce qui est de l’arrêt complet, en revanche, l’Académie de médecine souligne que vapoter des liquides contenant de la nicotine est deux fois plus efficace.
Limiter les saveurs
Les rapporteurs tranchent donc : l’e-cigarette est « un outil utile à la réduction de la mortalité, mais aussi de la morbidité tabagique » et permet un arrêt progressif de la cigarette traditionnelle. L’appareil devrait donc être utilisé « au service de l’instauration de l’abstinence », estiment les auteurs du rapport. Ils vont même plus loin : les recharges de liquides contenant plus de 20 mg/mL de nicotine devraient avoir un statut de médicament et disposer d’une autorisation de mise sur la marché (AMM). Cela permet d’intégrer le vapotage aux traitements d’aide à l’arrêt du tabac, et donc de bénéficier du forfait 50/150 euros remboursé par l’Assurance maladie.
Pour autant, l’Académie de médecine ne prend pas position pour une vente sans limite. Les liquides ne devraient pas influencer la saveur, l’odeur ou le parfum de l’e-cigarette. Les rapporteurs estiment que certaines interdictions relatives à la cigarette traditionnelle devraient s’étendre à la cigarette électronique. Ils mentionnent notamment l’interdiction de vente aux mineurs, et l’interdiction de vapoter dans les lieux publics. « Il est évident qu’il faut interdire toute publicité et toute promotion de ce produit, sauf dans son utilisation comme méthode d’arrêt si celle-ci est reconnue », concluent les rapporteurs.
Les recommandations de l’Académie nationale de médecine 1) Réglementer la fabrication et la distribution des cigarettes électroniques et des produits apparentés. Leur sécurité et leur fiabilité doivent correspondre à la norme AFNOR actuellement en cours d’élaboration. 2) Ne pas dissuader les fumeurs qui vapotent et favoriser l’e-cigarette « médicament » (plus de 20 mg de nicotine par millilitre d’e-liquide). Cette dernière devra être disponible en pharmacie pour les fumeurs qui souhaitent arrêter la cigarette. 3) Maintenir et assurer l’application de l’interdiction de vente aux mineurs, de son usage dans les lieux où le tabac est interdit. 4) Interdire toute publicité et promotion de la cigarette électronique, sauf lorsqu’elle est présentée comme méthode d’arrêt – si cette indication est reconnue officiellement. |