Un coût astronomique. Selon une étude parue dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, et présentée au congrès annuel de l’Endocrine Society (ENDO 2015), le fardeau des perturbateurs endocriniens représenterait 1,2 % du PIB de l’Union Européenne. Et encore, les auteurs de cette revue de la littérature expliquent avoir établi leur estimation sur une fourchette basse.
Cinq panels d’experts ont évalué le lien entre l'exposition aux perturbateurs endocriniens et la survenue d’une pathologie. Ils ont retenu le retard intellectuel, l’autisme, le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), l’obésité, la cryptorchidie (absence d’un ou deux testicules) et l’infertilité masculine. Le coût annuel de ces pathologies varie entre 157 et 270 milliards d’euros selon la fourchette basse ou haute ! Cette estimation tient compte des coûts directs – liés à la prise en charge médicale – et indirects – liés à l’absentéisme ou à la perte de productivité.
L’obésité et le diabète coûtent 15 milliards
La majorité des victimes des perturbateurs endocriniens souffrent de retard mental (13 millions de cas) ou de maladies neuro-développementales (troubles du spectre autistique, TDAH). Ces troubles, massivement causés par les pesticides organophosphorés, représentent un coût annuel de 132 milliards d’euros.
Loin derrière viennent l’obésité et le diabète, qui touchent chaque année 53 900 et 20 500 femmes. Principalement liés à l’exposition aux phtalates, ces troubles métaboliques ajoutent 15 milliards d’euros à l’estimation. Les perturbateurs endocriniens ont aussi un rôle non négligeable sur la fertilité masculine, avec un poids annuel de 4 milliards d’euros.
Cette étude paraît alors que la Commission européenne réalise une mise à jour de sa législation sur les perturbateurs endocriniens. Le nouveau cadre devrait se montrer plus strict à l’encontre de certains pesticides, isolants alimentaires et composants de cosmétiques – suivant l’exemple de pays comme la Suède ou la France qui ont pris les devants. Mais l’examen du texte a été repoussé à 2016. Un délai qui a valu à la Commission un recours en carence intenté par la Suède, et soutenu par les pays membres de l’UE. Ce retard est d’autant plus inquiétant que, selon l’Endocrine Society, presque tout le monde a des niveaux détectables de perturbateurs endocriniens dans l’organisme.