Pendant un an Nick Hess a souffert d’un mal inexplicable. « C’était étrange, quand je mangeais des glucides, je devenais bizarre, vulgaire », déclare-t-il à la BBC, le journal anglais relayant cette histoire. Tous les matins au réveil, il était pris de vomissements, de douleurs à l’estomac et de maux de têtes soudains. « Parfois, cela se produisait au bout de quelques jours, parfois, cela arrivait comme ça, bam! J’étais saoul », explique-t-il.
Ivre sans boire
Pourtant, Nick Hess le jure, il ne buvait pas d’alcool. Sa femme, ne le croyant pas, a même mis leur maison sens dessus dessous à la recherche de bouteilles cachées, sans succès… Alors comment peut-on expliquer son état d’ébriété ?
Le Britannique de 34 ans serait atteint du syndrome d’auto-brasserie. Une pathologie rare due à une infection de « Saccharomyces cerevisiae », la levure de boulanger et de la bière qui transforme le sucre en alcool éthylique. Naturellement présentes dans notre système digestif, ces levures peuvent se multiplier de façon importante si les bactéries intestinales ne contrôlent plus leur propagation.
Lors d’un examen médical, le Dr Anup Kanodia, a découvert que l’intestin de Nick Hess en contenait plus de 400 % par rapport à la normale. « C'est le taux de levures le plus élevé que j'ai pu constater dans toute ma carrière », déclare-t-elle à la BBC.
Un cas rare mais pas unique
Comme le rappelle le journal britannique, Nick Hess n’est pas le premier à être touché par cette mystérieuse maladie. En effet, des cas ont été enregistrés au Japon dans les années 1970. Le dernier cas recensé était un Texan de 61 ans qui s’était évanoui ivre mort aux urgences alors qu’il clamait haut et fort qu’il n’avait pas bu une goutte d’alcool.
Malgré l’existence de plusieurs cas, cette maladie reste controversée dans le milieu médical. La journaliste de BBC, Helen Thomson, a interviewé un toxicologue qui met en doute l’existence de ce syndrome. D’après Wayne Jones, le déséquilibre entre levures et bactéries ne peut avoir de si grandes conséquences. Il explique que l’alcool doit passer par le foie avant d’arriver dans la circulation sanguine. Lors de ce trajet, les enzymes hépatiques métabolisent l’alcool et en élimine une partie.
Régime alimentaire particulier
Le syndrome d’auto-brasserie oblige les personnes qui en sont victimes à adopter un régime strict. Les aliments à base de glucides, lents ou rapides, ou d’amidon comme les frites sont à proscrire. Des anti-fongiques sont également prescrits pour limiter la quantité de levures.
Depuis que Nick Hess suit son traitement, il va beaucoup mieux. « Je n’ai plus que un ou deux épisodes par mois mais ils sont moins pires qu’avant », se réjouit-il.