La fin du binge drinking ? Alors que l’alcoolisation massive fait des ravages chez les jeunes Européens, des chercheurs détiennent peut-être l’arme pour y mettre un terme. Il s’agit d’une protéine de synthèse qui détourne les circuits de la récompense dans le cerveau. Leurs tests chez la souris ont livré des résultats prometteurs, soulignent-ils ce 9 mars dans Nature Neuroscience.
Deux systèmes en interaction
La "biture" express est devenue un jeu chez les jeunes Occidentaux : neknominations, soirées cartables et autres joyeuseries font régulièrement l’actualité. Les dégâts sur la santé des alcoolisés chroniques sont tout aussi nombreux : dommages sur le cerveau, le foie, et même le système immunitaire. Au Royaume-Uni, où la pratiquée est « née », les décès sont de plus en plus nombreux.
A défaut de convaincre les jeunes qu’ils doivent en finir avec l’alcool défonce, une équipe de l’Ecole de médecine à l’université de Caroline du Nord (Etats-Unis) a trouvé une autre méthode. Ils sont parvenus à détourner plusieurs systèmes cérébraux qui régulent le stress et les circuits de la récompense. « Nous avons identifié un composé cérébral, le neuropeptide Y (NPY), qui peut supprimer ce comportement dangereux », explique Thomas Kash, co-auteur de l’étude. Un système à la fonction opposée, le facteur de libération de la corticotrophine, a également été identifié. Selon les chercheurs, si ces deux systèmes interagissent de manière dysfonctionnelle, des pathologies liées à l’alcool pourraient apparaître.
Booster l’un pour inhiber l’autre
« Lorsque nous avons mimé l’action du neuropeptide Y en utilisant des protéines fabriquées en laboratoire, nous sommes parvenus à supprimer le binge drinking chez la souris », raconte Thomas Kash. En effet, en boostant les récepteurs au neuropeptide Y, l’équipe a inhibé la molécule « pro-beuverie », le facteur de libération de la corticotrophine.
Les recherches ont également révélé que chez les souris et les singes consommateurs chroniques d’alcool, le fonctionnement des récepteurs au neuropeptide Y est altéré. Cela confirme qu’il s’agit d’un marqueur, mais aussi d’un traitement possible des troubles liés à la consommation d’alcool. Mais surtout, c’est une preuve que le mode d’action du neuropeptide peut s’appliquer à tous les mammifères… et donc à l’être humain. « Il est particulièrement excitant de savoir que restaurer le NPY n’est pas seulement utile dans le traitement de l’abus d’alcool, mais aussi pour éviter à certaines personnes de devenir dépendantes à l’alcool », estime le Dr Todd Thiele, co-auteur de l’étude.