Les pesticides agrémentent toujours nos assiettes. Des résidus sont présents dans la moitié des aliments que l’on trouve en Europe, selon une enquête menée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa).
Fraises, pêches, pommes
L’analyse porte sur la présence de 685 pesticides dans 81 000 échantillons de fruits et légumes, aliments transformés et vins. Elle révèle que 45 % des éléments testés contiennent la trace d’un ou plusieurs pesticides. Les fraises, les pêches, les pommes et les laitues sont les plus chargées en résidus. Même les produits bio n’ont pas résisté à ce test de vérité, avec 15 % des échantillons pollués par ces substances chimiques utilisées dans l’agriculture.
Pour autant, l’Efsa se réjouit. Car selon ses calculs, pour la quasi-totalité des aliments testés (97,4 %), les concentrations de pesticides se situent dans les limites légales autorisées. « Seuls » 1,5 % des échantillons dépassent « nettement les limites légales » (0,8 % pour le bio). A nouveau, les fraises et laitues arrivent en tête en matière de violation des limites légales, avec respectivement 2,5 % et 2,3 % des échantillons testés.
Selon l’Autorité, les pays tiers sont moins regardants sur les seuils légaux, puisque 5,7 % des produits qui en sont issus excèdent ces limites. Dans l’Union Européenne, ce pourcentage atteint 1,4 %.
Un risque « improbable » ?
L’Efsa est donc satisfaite et achève son rapport sur une conclusion fort optimiste. Elle juge ainsi « improbable » la nocivité « à long terme » de ces résidus de pesticides sur la santé des consommateurs. A court terme, elle considère comme « faible » le risque d’exposition toxique.
D’une même voix, l’Association de protection des récoltes (ECPA), qui représente l'industrie des pesticides, a elle aussi applaudi un rapport qui, à ses yeux, « confirme que l'alimentation en Europe est sûre », et « témoigne des efforts faits par les agriculteurs et l'industrie » en ce sens, rapporte l’AFP.
Mais tout le monde ne partage pas ce constat euphorique. Pour l’ONG PAN (Réseau pesticides action Europe), les conclusions sur la toxicité de ces produits alimentaires sont « erronées et non scientifiques », objecte-t-elle dans un communiqué. L’organisation reproche à l'Efsa de ne pas user « de bonnes méthodes pour évaluer la toxicité » des pesticides, en particulier les effets de l'exposition cumulée et durable à ces substances.
En septembre, l’ONG a déjà alerté sur les méthodes de calcul des instances européennes. Avec l’association Générations Futures, elle a démontré au sein d’un rapport que seules les études scientifiques qui « arrangent » les industriels seraient retenues par les régulateurs chargés d'évaluer les pesticides. Des dizaines d’études universitaires indépendantes, aux résultats plus alarmants, seraient ainsi écartées des rapports finaux.