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La série de l'été

Je veux arrêter de fumer: j'ai peur de grossir !

Par La rédaction

Arrêter fe fumer fait prendre quelques kilos, mais surtout dans les premiers mois. Alors, pas de panique, passée cette période, la prise de poids ralentit très fortement.

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MOTS-CLÉS :

Les dix réponses du Dr Anne Borgne,
chef du service d'addictologie de l'hôpital René-Muret (Sevran)

L'été est-il un bon moment pour arrêter de fumer ?
Est-ce que la transpiration et la baignade empêche de porter un patch l'été ?
Quels sont les facteurs qui favorisent la prise de poids ?
Peut-on éviter de prendre du poids ?
Comment bien utiliser les  substituts nicotiniques?
Je porte un patch, mais quand l'envie est trop forte, est-ce que je peux l'enlever, fumer et le remettre après ?
Peut-on avoir porter des patchs et continuer à fumer une ou deux cigarettes par jour?
Est-ce que je peux devenir dépendant aux substituts nicotiniques ?
Quand on arrête de fumer, à partir de quand disparaissent les symptômes de manque ?
Comment ne pas reprendre à la rentrée, avec le retour des soucis et du travail ?

POUR EN SAVOIR PLUS SUR L'ARRET DU TABAC 

pourquoidocteur : L’été est-il un bon moment pour arrêter de fumer ?
Dr Anne Borgne : Le meilleur moment pour arrêter de fumer, c’est celui que choisit la personne. Alors, ça peut être l’été parce que, en effet, on est en vacances, on est détendu, on n’a pas le stress du travail. Pour d’autres, les vacances sont un moment un peu unique, on n’a pas envie de mener un projet qui, éventuellement, serait être un peu compliqué, et donc on peut aussi reporter à la rentrée.



La transpiration et la baignade empêchent-t-elles de porter un patch l’été ?
Dr Anne Borgne : Le fait de porter des patchs l’été peut être un peu gênant parce que la chaleur et la transpiration peuvent décoller le patch, et ça augmente l’intolérance cutanée au patch. Et la baignade aussi est un moment où le timbre peut se décoller. Donc, dans ces moments-là, peut-être qu’il faut ne pas mettre de patch dans la journée et utiliser des formes orales, par exemple quand on va à la plage. On peut aussi coller son patch en haut de la fesse, sous le maillot de bain, pour éviter qu’il se décolle dans l’eau.

 


Quels sont les facteurs qui favorisent la prise de poids ?
Dr Anne Borgne : La prise de poids à l’arrêt du tabac est dûe, d’une part, au fait que la nicotine augmente les dépenses énergétiques et quand on arrête l’apport de la nicotine, et bien, en mangeant la même chose, on va gagner des calories, et prendre du poids. Le fait aussi qu’on a, dans les signes de manque, une augmentation de l’appétit, avec des pulsions sucrées : on mange des bonbons, des gâteaux, qu’on ne mangeait pas avant, qui sont caloriques, et on peut alors avoir des prises de poids importantes.




Peut-on éviter de prendre du poids ?
Dr Anne Borgne : Pour ne pas prendre de poids à l’arrêt du tabac, il faut éviter d’être en manque et avoir, si on est dépendant, un traitement adapté. Par exemple, des substituts nicotiniques ou d’autres traitements pharmacologiques. Un bon équilibre alimentaire et un exercice physique régulier permettront d'éviter la dépendance et de limiter la prise de poids.


Comment bien utiliser les substituts nicotiniques ?
Dr Anne Borgne : La bonne utilisation des substituts nicotiniques, c’est la bonne forme, un patch ou des formes orales, donc les gommes, les comprimés à sucer, l’inhaleur de nicotine, et la bonne dose. Et cette dose est déterminée en fonction du niveau de dépendance, donc le nombre de cigarettes fumées, et le délai entre le moment où l’on se réveille et le moment où l’on fume sa première cigarette. Plus c’est tôt, plus on est dépendant, plus on aura besoin d’une dose importante de nicotine.



Je porte un patch, mais quand l’envie est trop forte, est-ce que je peux l’enlever, fumer et le remettre après ?
Dr Anne Borgne : Il ne sert à rien d’enlever son patch quand on a envie de fumer, parce que la nicotine est présente dans la peau, et donc au moment où l’on enlève son patch, la nicotine est toujours dans l’organisme. Donc il faudrait, pour être raisonnable, attendre deux heures pour fumer une cigarette.



Peut-on porter des patchs et continuer à fumer une ou deux cigarettes par jour ?
Dr Anne Borgne : Il n’est pas dangereux de fumer avec un patch. Le fumeur va adapter la façon dont il inhale la fumée pour ne pas avoir trop de nicotine, donc ne pas avoir mal à la tête ou envie de vomir. Il n’y aura pas de surdosage en nicotine.



Puis-je devenir dépendant aux substituts nicotiniques ?
Dr Anne Borgne : Il n’y a pas de dépendance aux substituts nicotiniques par voie transdermique, c’est-à-dire aux patchs, parce que la nicotine rentre trop lentement dans l’organisme. Mais il est vrai que l’on peut devenir dépendant aux gommes de nicotine, surtout quand on les mâche trop vite, parce que, du coup, on apporte rapidement de la nicotine au niveau de son cerveau, ce qui stimule les récepteurs et peut entraîner une dépendance.



Quand on arrête de fumer, à partir de quand disparaissent les symptômes de manque ?
Dr Anne Borgne : Les symptômes de manque à l’arrêt du tabac peuvent disparaître dès le début de l’arrêt du tabac, à partir du moment où on a un traitement adapté de sa dépendance nicotinique. En l’absence de traitement, certains signes peuvent durer très longtemps, notamment l’envie de fumer et l’augmentation de l’appétit, d’où le risque de prise de poids qui peut être importante.



Comment ne pas reprendre à la rentrée, avec le retour des soucis et du travail ?
Dr Anne Borgne : Quand on a arrêté de fumer pendant sa période paisible de vacances, la reprise du travail peut entraîner du stress. Le contact avec des collègues qui fument, peuvent mettre en difficulté dans la persistance de son arrêt du tabac. Il faut donc savoir anticiper ces difficultés, bien les identifier, et se préparer à avoir déjà une réponse : « si je recroise mon collègue qui m’amène à la pause-café, il faut que j’apprenne à lui dire non, je ne vais pas aller à cette pause-café » ou « je vais y aller, mais je ne fumerai pas ». Il est utile d'apprendre à se relaxer ou à accepter le stress sans avoir une cigarette automatique derrière.



Entretien avec Sandrine Chauvard 

Le tabac, première cause de mortalité évitable 
En France, le tabac tue environ 66.000 personnes chaque année. Fumer augmente la pression artérielle, contribue au rétrécissement des artères, réduit l’approvisionnement en oxygène du cœur et entraîne de nombreux autres dommages. De plus, le tabagisme chez les femmes enceintes peut être à l’origine d’un retard de croissance du fœtus.

Une dépendance physique et psychologique
La nicotine est un produit entraînant, dans plus de 70 % des cas, une très forte dépendance à la fois physique et psychologique. Pendant le premier mois, ces symptômes de manque sont essentiellement de l'irritabilité (voire de l'agressivité), de la tristesse (voire une dépression légère), de l'agitation, des difficultés à se concentrer et une augmentation de l’appétit. Ensuite, en général plus de dix semaines après l'arrêt, l'appétit reste augmenté et l'envie de fumer est parfois très intense.

La motivation, un facteur essentiel
La motivation est déterminante pour arrêter de fumer. Elle est forte s'il est très important pour la personne de ne plus fumer. Mais elle dépend aussi beaucoup de la confiance en ses capacités d’arrêter. « Les fumeurs pensent souvent qu’ils ne pourront jamais y arriver, que ce sera trop difficile. Or, la difficulté réelle est généralement moins grande que la crainte qu’ils en avaient. Il est très important d’accompagner et de soutenir ces personnes. Il faut leur donner confiance », insiste le Dr Anne Borgne, chef du service d’addictologie de l’hôpital René Muret (Sevran).

On compte cinq à sept tentatives en moyenne, avant l’arrêt définitif - ce qui montre bien qu’il ne faut pas se décourager en cas d’échec, mais au contraire prendre le temps de se remotiver. Faire plusieurs tentatives de sevrage tabagique ne constitue pas un signe de faiblesse de caractère. Cela démontre au contraire une envie sincère, qui finira par aboutir.

Une prise de poids, surtout dans les premiers mois
La nicotine a un effet coupe-faim et brûle des calories. Arrêter de fumer entraîne donc une prise de poids, de 4 à 5 kg en moyenne au bout d’un an. Une étude parue dans le British Medical Journal montre que l’on grossit surtout au début (près de trois kilos au bout de trois mois). Et cette prise de poids est très variable selon les individus.

Comment arrêter la cigarette ?
Il n’existe pas de méthode unique pour arrêter de fumer. Les conseils de son médecin généraliste ou d’un tabacologue sont utiles : une tentative a deux fois plus de chances de réussir si elle est accompagnée par un professionnel de la santé. Il ne faut pas hésiter pas à se rendre dans un centre de tabacologie.
Voici quelques conseils pour vous aider à en finir avec la cigarette.
Enrôler un ami non fumeur pour vous encourager et vous soutenir dans votre démarche. Ceux qui ont recours à cette méthode auraient deux fois plus de chance de ne pas se remettre à fumer dans l’année qui suit.
Faire du sport. Le sport éloignera le tabac de vos pensées et diminuera la tendance à la prise de poids qui suit souvent l’arrêt de la cigarette.
Mâcher du chewing-gum ou croquez une pomme quand vous avez un petit creux. Quand le taux de glucose dans le sang diminue, certains fumeurs se ruent sur leur cigarette.
Éviter de boire de l’alcool. Celui-ci est le meilleur moyen de saper votre volonté.

Les traitements pour soutenir l'arrêt de la cigarette ?
Les médicaments disponibles pour accompagner le sevrage tabagique sont de deux types : les substituts de la nicotine, disponibles sans ordonnance, et le bupropion  et la varénicline (sur ordonnance). Ces médicaments sont plus efficaces s'ils sont associés à un soutien psychologique et un suivi, par exemple par le médecin traitant. Les substituts de la nicotine existent sous plusieurs formes : comprimé à sucer, comprimé sublingual, gomme à mâcher, timbre (dispositif transdermique) ou dispositif pour inhalation. L’association de deux substituts de la nicotine (patch et comprimé à sucer, par exemple) est possible et augmente les chances de réussite.
À posologie équivalente, toutes ces formes ont la même efficacité. Le choix du dosage se fait en fonction du degré de dépendance initiale à la nicotine. Les fumeurs fortement ou très fortement dépendants commencent par les dosages les plus forts. Il faut tenir compte des signes éventuels de sous-dosage (insomnie, irritabilité, agitation, sensation de faim) ou de surdosage (bouche pateuse, état nauséeux, maux de tête, tremblements, palpitations) pour adapter la posologie.
Soyez vigilants et ne laissez pas traîner ces produits à portée de main des enfants. Une ingestion accidentelle pourrait avoir de graves conséquences.

L'Assurance Maladie accompagne l'arrêt du tabac et rembourse les substituts nicotiniques pour un montant maximum de 50 € par an et par personne (150 € pour les femmes enceintes). En pratique, pour bénéficier de cette prise en charge, il faut une prescription médicale établie par un médecin ou une sage-femme sur une ordonnance consacrée exclusivement aux substituts nicotiniques (pas d’autres médicaments mentionnés). Il est nécessaire de régler directement le pharmacien (le tiers-payant n'est pas accepté) mais il est possible d'acheter le traitement en plusieurs fois. Certaines mutuelles ou assurances complémentaires prennent également en charge le sevrage tabagique.

avec © EurekaSanté par VIDAL MÉDICAMENTS

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Tabac Info Service  
Office français de prévention du tabagisme