C’est une nouvelle qui tombe bien mal alors que la Semaine nationale de lutte contre le cancer a débuté hier : un nouveau type de cancer vient d’être identifié. Le lymphome AGC-AIM. Un acronyme obscur qui désigne un lymphome anaplasique à grandes cellules (AGC) dont la spécificité est d’être « associé aux implants mammaires » (AIM) !
173 cas dans le monde
Selon Le Parisien qui se fait l’écho d’un rapport rendu au début du mois par des experts de l’Institut national du Cancer (Inca), 18 femmes seraient concernées par ce type de cancer en France, 173 au total dans le monde. Les chiffres peuvent paraître faibles mais l’augmentation est importante met en garde Benoît Vallet, directeur général de la santé. En effet un, deux, puis quatre cas ont été rapportés chaque année depuis 2011. En 2014, ce sont 11 nouveaux cas qui se sont déclarés.
Par ailleurs les données rapportées ne laissent guère de doute sur les liens entre implants mammaires et lymphome AGC-AIM : les experts de l’Inca le soulignent dans leur rapport, il n’existe aucun cas de ce cancer chez des personnes ne portant pas de prothèses mammaires. François Hébert, directeur général adjoint de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), interrogé par Le Parisien confirme : « Ces cas de cancer très particuliers semblent corrélés au port de prothèses mammaires. Nous avons aussi des retours du même type d’informations venant des autres agences de santé en Europe et aux Etats-Unis. »
Parmi les 18 femmes qui ont développé un lymphome AGC-AIM ces dernières années en France, 10 avaient subi une reconstruction mammaire à la suite d’un cancer du sein. Mais il est impossible à ce stade selon les experts de conclure à une quelconque prédisposition.
Des implants texturés
Quant aux prothèses mises en cause, toutes sont des modèles « texturés ». Et le Parisien révèle que 14 patientes portaient des prothèses de la marque Allergan au moment du diagnostic. Une proportion élevée, et « étonnante » selon François Hébert, qui souligne que les parts de marché d’Allergan s’élèvent à environ 30 %. Il met cependant en garde contre des conclusions hâtives, il n’est pas rare en effet que les femmes portent plusieurs marques de prothèses, les implants pouvant être remplacés.
L’ANSM annonce qu’une réunion aura lieu d’ici à la fin mars pour décider s’il faut « aller plus loin dans la réglementation ». En attendant, les professionnels de santé seront informés par courrier sur ces nouveaux risques, qui devront être clairement expliqués aux femmes devant subir une implantation de prothèses.
Un suivi suspendu par l'ANSM
Cette affaire risque de mettre l’ANSM dans une position plus qu’inconfortable. En effet, il y a à peine un mois, Le Figaro révélait que l’agence avait décidé de geler les financements devant permettre de conduire l’étude Lucie, un suivi sur 10 ans de 100 000 femmes porteuses de prothèses. Un programme de recherche décidé en juillet 2014, et qui devait permettre de mieux évaluer les risques liés aux implants mammaires.
Une décision surprenante quand on sait qu'en France actuellement 400 000 femmes portent des prothèses mammaires. L’an passé 48 000 ont décidé de recourir à cette chirurgie, contre 20 000 en 2000. Des chiffres qui montrent bien l’enjeu de santé publique que représente l’amélioration des connaissances scientifiques sur ces implants.