Lorsqu’on parle de dénutrition, on entend « pays en développement », « pauvreté », « famine »… Pourtant, la dénutrition touche aussi les pays développés comme la France. Ce déséquilibre durable entre les apports énergétiques de l'alimentation et les dépenses atteint les malades souffrant de pathologies chroniques, les personnes âgées, mais aussi les enfants et les adolescents. En France, c’est dans les établissements de santé que la dénutrition est la plus importante.
Entre 30 et 60 % des patients hospitalisés sont dénutris, souligne l’Académie de pharmacie qui tient ce mercredi une séance sur ce problème majeur de santé publique. L'institution rappelle que la dénutrition « peut tuer plus que la maladie elle-même ».
Chez l’enfant, la dénutrition affecte 15 à 30 % des malades, et plus de 65 % des personnes âgées hospitalisées en long séjour en souffrent. Or, la dénutrition au cours d’une hospitalisation ou son aggravation entraîne une augmentation des complications, de la durée moyenne de l’hospitalisation et de la morbidité.
Sur-risque de complications
« Un malade dénutri a 4 fois plus de risques de faire une complication infectieuse qu’un malade normo-nutri », indique l’Académie de pharmacie. Chez les malades atteints de cancers, près de 50 % sont dénutris, et entre 10 et 20 % d’entre eux décèdent des conséquences de leur dénutrition.
Dans le cas des cancers, « l’alimentation est un facteur clé dans le parcours de soins », souligne la Fondation ARC. Les malades sont souvent dénutris et épuisés avant même d’avoir commencé leur traitement, car le cancer affaiblit l'organisme au bénéfice de la croissance tumorale. Une perte de poids aggravée par les traitements anti-tumoraux, qui provoquent un stress thérapeutique favorisant une dépense énergétique supplémentaire. Or, la dénutrition diminue la tolérance aux traitements (chimiothérapies et radiothérapies) et leurs bénéfices.
Améliorer le dépistage
« La dénutrition majore le coût d’une hospitalisation de plus de 1 000 euros », estime l’Académie. Aussi dénonce-t-elle « des surcoûts hospitaliers importants qui pourraient être évités » en ne considérant plus la nutrition et l’état nutritionnel des patients comme un élément secondaire de la prise en charge. Elle pointe du doigt le manque de dépistage et de diagnostic, notamment à l’admission des malades, entraînant, de fait, une méconnaissance des besoins du patient. Et de citer l'exemple des « repas qui ne sont pas adaptés au goût et à l’appétit de ceux à qui ils sont destinés, qui, de fait, ne les consomment pas. »
Pourtant, en 2002, un premier pas avait été franchi avec la création des Comités de Liaison Alimentation Nutrition (CLAN) dans les établissements de santé. Ils ont pour mission d’améliorer la restauration et la qualité nutritionnelle des plats servis aux malades. Mais force est de constater que la question reste un enjeu majeur de santé publique.