Décidément, les dates de péremption sont sujettes à caution. Le constat vaut aussi bien pour les pots de yaourt que pour les paquets de gâteaux et…les poches de sang. Après trois semaines de stockage, ces dernières seraient tout aussi efficaces que du sang fraîchement prélevé, contrairement à une idée répandue.
Des taux de mortalité similaires
La revue New England Journal of Medicine se fait en effet l’écho d’un vaste essai clinique, mené dans 64 centres canadiens et européens, et auquel près de 2500 personnes ont participé. Précision préliminaire importante : les chercheurs n’ont pas transfusé du sang périmé à des patients pour les besoins de la science.
En revanche, ils ont utilisé du « vieux » sang, stocké depuis trois semaines. Le but de l’expérience était de vérifier l’idée partagée par de nombreux médecins, selon laquelle la qualité des poches de sang s’altère avec le temps.
1219 personnes ont donc reçu du « vieux sang » au cours de l’essai. Et les chercheurs sont formels : les taux de mortalité ou de dysfonction d’organes sont très similaires à ceux observés lors d’une transfusion avec du sang frais. Dans le détail, 398 personnes sont décédées dans les 90 jours suivant la transfusion de sang vieux. Dans l’autre groupe, ayant reçu du sang frais, ce chiffre s’élève à 423.
Premier arrivé, premier servi
« Selon des études précédentes, le sang frais serait meilleur en raison de la dégradation des globules rouges et de l’accumulation des toxines pendant le stockage, explique l’un des auteurs, Alan Tinmouth, de l’Université d’Ottawa. Pourtant, cet essai clinique montre clairement que ces changements n’affectent pas la qualité du sang ».
Selon les standards actuellement en vigueur, le sang reste stocké jusqu’à 42 jours au réfrigérateur (5 jours à température ambiante pour les plaquettes). « Depuis des décennies, de nombreux médecins demandent du sang frais, parce qu’ils pensent que c’est la meilleure chose à faire. Mais cela complique la situation à cause des stocks limités, et parce que les banques distribuent le sang selon le principe du ‘premier arrivé, premier servi’ ». Or, désormais, plus besoin de se battre pour avoir du bon sang.