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Sexologie

Les seniors affichent une vie sexuelle épanouie

Par Anne-Laure Lebrun

En 30 ans, la vie sexuelle des seniors s'est considérablement épanouie. Plus de 50 % déclarent être satisfaits et près de 90 % considérent que ce n'est plus un tabou. 

Cherie Diez/AP/SIPA

L’idée d’une vie sexuelle morose et terne chez les seniors est révolue. Ils seraient même de plus en plus satisfaits de leur sexualité, d’après la thèse de Nils Beckman, chercheur à l’Université de Gothenburg en Suède.

Le chercheur s’est intéressé à l’évolution de la sexualité chez les seniors de plus de 70 ans et plus de 97 ans. Il a également identifié certains facteurs qui expliqueraient pourquoi certains couples ont encore une vie sexuelle et d’autres non. Plus de 1 500 personnes âgées de plus de 70 ans et près de 300 personnes de 95 ans et plus ont participé à cette étude.

La sexualité n'a pas d'âge
En 30 ans, les seniors ont connu un épanouissement considérable dans leur vie sexuelle. Dans les années 70, 47 % des hommes avaient une activité sexuelle, ils étaient 66 % en 2000. Chez les femmes, la proportion est passée de 12 à 34 %.

Cette augmentation du nombre de rapports avec son ou sa partenaire va de pair avec une plus grande satisfaction sexuelle. En effet, 6 femmes sur 10 et 7 hommes sur 10 se disent comblés. « Le sentiment de bien-être, une bonne condition physique et une bonne santé mentale contribuent à la satisfaction sexuelle, explique Nils Beckman. « Les expériences précédentes et la qualité de la relation jouent également un rôle », ajoute-t-il.

L'enfance : une influence majeure
Chez les femmes de plus de 70 ans, plusieurs facteurs extérieurs à leur santé semblent aussi avoir un impact sur leur vie sexuelle. Tout d’abord, des difficultés durant l’enfance ont un une forte influence. L’étude montre que la pauvreté, les disputes et les divorces des parents ou encore les punitions corporelles diminuent le désir sexuel et l’activité.

Par ailleurs, chaque partenaire a son rôle à jouer. Le rapport sexuel repose en grande partie sur la libido masculine. Pour l’auteur, c’est surtout une question de génération. « Une des raisons tient peut-être aux rôles masculin et féminin avec lesquels cette génération a grandi, dictant aux hommes de toujours prendre l’initiative. »

A 95 ans, le sexe n’est pas tabou
D’après cette étude, les plus de 97 ans ne sont pas en reste. Le désir sexuel est plus commun chez les hommes (27 %) par rapport aux femmes (5 %). Un seul homme (aucune femme) a déclaré avoir encore des rapports sexuels. Mais les aînés mettent en avant les baisers, les gestes tendres et les contacts physiques.

« L’étude montre que même les personnes de plus de 90 ans ressentent du désir sexuel. Alors que peu sont actifs à cet âge, ils racontent qu’ils ont des pensées et des rêves érotiques, et souvent ils regrettent de ne plus avoir la chance de partager une intimité avec une autre personne », explique Nils Beckman.

Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, la sexualité est loin d’être un sujet tabou pour cette génération. Ils sont près de 9 sur 10 à trouver normal qu’un professionnel de santé pose des questions sur sa sexualité.

« Les soignants doivent avoir à l’esprit que l’amour, le désir et la sexualité ne se dissipent pas chez les personnes âgées. Les soignants ne doivent pas hésiter à poser des questions à leurs patients s’ils rencontrent des troubles sexuels, quel que soit leur âge. »