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Enquête UFC-Que Choisir

Maison de retraite : un tiers des personnes âgées souffrent de dénutrition

Par Anne-Laure Lebrun

Plus d’un tiers des personnes âgées en maison de retraite souffrent de dénutrition. Dans sa nouvelle enquête, l’UFC-Que Choisir révèle de graves carences en matière de prévention.

SCHACHT/SIPA

Moins médiatisée que l’obésité, la dénutrition est un problème majeur de santé publique, en particulier chez les personnes âgées. Les maisons de retraite sont  « un secteur crucial », d’après l’UFC-Que Choisir dans son numéro d’avril. L’association de consommateurs pointe « de graves carences en matière de prévention de la dénutrition » et demande un meilleur contrôle, notamment par les Agences régionales de Santé.

38 % des résidents sont dénutris
En France, entre 450 000 et 700 000 personnes âgées souffrent de dénutrition. Cette pathologie entraîne de nombreuses affections graves telles que des complications infectieuses, des fractures, et multiplie le risque de mortalité par un facteur allant de 2 à 4. Le risque de maladies est lui multiplié par un facteur de 2 à 6. 

Dans les Etablissements d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD), jusqu’à 38 % des résidents seraient dénutris « alors même que ces établissements disposent de recommandations définies par les autorités sanitaires et les groupes d’experts qui permettent d’éviter la dénutrition en veillant au respect des rythmes alimentaires, de l’équilibre alimentaire, ainsi qu’au suivi de l’état nutritionnel des résidents », rappelle l’UFC-Que Choisir.

Non respect des recommandations
L’association de consommateurs a analysé, avec une diététicienne spécialisée de la restauration collective, les menus servis dans 88 EPHAD et a interrogé les résidents de 43 autres établissements. L’enquête met en évidence des repas mal équilibrés, des rythmes alimentaires inadaptés et un suivi nutritionnel insuffisant. 

Tandis que les experts recommandent un délai de 3 heures entre chaque repas, « aucun des établissements étudiés n’est conforme à l’ensemble des recommandations horaires », indique l’UFC-Que Choisir. En cause : l’organisation du temps de travail du personnel qui prime sur les résidents. C’est particulièrement vrai le soir. En moyenne, le dîner est servi à 18h35, dans certains EPHAD, le repas est même pris à 18h au lieu de 19h30. Ces horaires ont pour conséquence un rallongement de la période de jeûne nocturne. Dans 80 % des établissements étudiés, il dépasse la durée recommandée de 12 heures.

Préparations industrielles
Pas assez de viande rouge et de poisson, des fruits crus trop rares, des plats tout préparés, des repas loin des habitudes des seniors comme les nuggets ou les hamburgers… L’UFC-Que Choisir alerte sur les menus inadaptés aux résidents des EHPAD. Pourtant, les experts préconisent de privilégier des produits riches en énergie et/ou en protéines et adaptés aux goûts du patient.

Près d’un quart des maisons de retraite ne propose pas d’alternative, si le plat principal ne plait pas. En outre, pour faire des économies, plus de 80 % des établissements choisissent de servir des préparations industrielles pour remplacer les protéines animales.

Enfin, l’association relève le manque de suivi nutritionnel des pensionnaires. La Haute Autorité de Santé recommande, pour toutes les personnes âgées, une pesée mensuelle afin de dépister simplement la dénutrition. Parmi les établissements étudiés, 18 % « s’abstiennent de peser chaque mois les résidents ». Quant au suivi individuel par un diététicien, seuls 7 établissements sur 43 le pratiquent mensuellement.

« Face au vieillissement de la population, et au vu des carences constatées dans les pratiques, l’UFC-Que Choisir exige que l’alimentation et le suivi nutritionnel dans les EHPAD soient inscrits parmi les enjeux du projet de Loi de Santé Publique », conclut l'association dans son communiqué.