Pour bien prendre en charge un patient diabétique, généralistes et spécialistes doivent travailler ensemble. Une collaboration qui n'est pas toujours facile puisque des sujets de discorde entre les deux subsistent. Parmi eux, l'utilité ou pas de faire baisser la glycémie grâce à l'examen de l’hémoglobine glyquée (HbA1). Cet examen permet d'évaluer l’équilibre glycémique (sucre dans le sang) sur une période de 3 mois. Il s'effectue par une prise de sang et constitue un marqueur du contrôle du diabète.
Au Congrès annuel de la Société Francophone du Diabète (24 au 27 Mars 2015, Bordeaux), le Pr Bernard Charbonnel, endocrinologue au CHU de Nantes, a rappelé pourquoi ce test est indispensable aux malades.
Moins de complications à long terme
Dans un entretien accordé Pourquoidocteur, ce spécialiste est revenu sur la polémique suscitée par les conclusions récentes d'un groupe de généralistes-enseignants qui estime que ce paramètre n'est pas utile. Selon ces médecins, les diabétologues ne devraient pas suivre les recommandations actuelles de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui, pour la plupart des cas de diabète de type 2, conseille une glycémie inférieure à 7 % d’HbA1c (1).
De son côté, le Pr Bernard Charbonnel espère que ces recommandations ne seront pas suivies par les médecins car il s'agirait d'un « retour en arrière terrible. »
Il rappelle à ce titre que faire baisser la glycémie prévient de plusieurs complications à long terme du diabète, comme le risque de cécité, d'amputation des orteils, ou encore d'insuffisance rénale. Il pense que, pour chaque patient, il est « indispensable » de suive son hémoglobine glyquée. « Tous les médecins généralistes de terrain ont confiance dans cette mesure », avance-t-il.
Les explications du Pr Bernard Charbonnel, endocrinologue au CHU de Nantes
Pas de bénéfice sur le risque cardiovasculaire
Néanmoins, il souligne que l'autre débat porte sur les effets de la baisse de la glycémie sur la diminution du risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde, AVC). Sur cette question, le Pr Bernard Charbonnel est plus mesuré. Il reconnaît que pour protéger le coeur des diabétiques, il est plus important de faire baisser le cholestérol ou de normaliser la pression artérielle, plutôt que de mesurer la glycémie.
Toutefois, il indique que, depuis ces quinze dernières années, les meilleurs traitements du diabète ont fait largement baisser les risques de complications du diabète, « y compris cardiovasculaires ».
Les explications du Pr Bernard Charbonnel
(1) Une glycémie de 7 % correspond à une glycémie moyenne de 1,5 g/l. 1 % de plus d’HbA1c représente une augmentation moyenne de la glycémie de 0.30 g/l.