La pompe à insuline se relie au téléphone portable. Grâce au pancréas artificiel, les diabétiques de type 1 gagnent en autonomie et en liberté d’esprit. Ce système, qui automatise l’injection d’insuline, fait l’objet d’un grand nombre de présentations au congrès de la Société Francophone du diabète (SFD, 24-27 mars, Bordeaux). Pourquoidocteur fait le point avec l’un des spécialistes français, le Pr Eric Renard.
Une connexion Bluetooth
Certains patients diabétiques ne produisent pas suffisamment d’insuline, une hormone qui régule le taux de glucose dans le sang. Ils doivent alors s’en injecter régulièrement, un traitement invasif et chronophage, puisqu’il demande de surveiller régulièrement sa glycémie. Les pompes à insuline, dispositifs fixés à la taille, ont permis d’automatiser en partie le système. Mais l’injection reste manuelle. Le pancréas artificiel résout ce dernier problème : une aiguille souple mesure régulièrement la glycémie et envoie les informations en Bluetooth au smartphone du patient.
Les explications du Pr Eric Renard, coordinateur du service d’endocrinologie au CHU de Montpellier (Hérault) : « L’information qui vient du capteur est traitée par le téléphone portable qui calcule la quantité d’insuline à perfuser. »
Des patients motivés
Le pancréas artificiel est surtout proposé aux patients diabétiques de type 1 qui ont déjà été placés sous pompe à insuline. En effet, ils doivent « avoir la notion de ce qu’est la gestion du diabète avec un système en continu », explique le Pr Eric Renard. « Ils doivent bien sûr être très motivés à bien faire, car il faut une certaine capacité d’apprentissage, de vigilance. Ce n’est pas un système pour quelqu’un qui refuse le fait d’être diabétique. »
De nombreux essais sont en cours pour évaluer l’impact de ce système automatique sur la glycémie. Comme le rapportait Pourquoidocteur l’an dernier, l’équipe du Pr Renard laisse désormais des patients rentrer chez eux avec le dispositif.
Les explications du Pr Eric Renard : « On est maintenant à plusieurs mois d’utilisation dans la vie réelle. On commence à faire des tests dans la vie quotidienne. »
Deux mois d’autonomie
La principale limite encadrant le pancréas artificiel restait son temps d’autonomie. « On peut dire que c’est quasiment réglé », se félicite Eric Renard. « Des personnes ont bouclé deux mois dans leur vie quotidienne sans s’interrompre pour recharger. Il suffit d’avoir deux systèmes, dont un pour recharger. »
L’autre frein, c’est le prix du dispositif, 3 000 euros par patient. L’Assurance maladie ne le prend pas en charge. Pour le moment, le pancréas artificiel n’est testé qu’en période nocturne, mais des essais cliniques commencent sur les périodes diurnes. Eric Renard, lui, attend que le dispositif soit intégré au traitement des diabétiques.
Les explications du Pr Eric Renard : « Je pense qu’il faut réussir à passer des essais cliniques à une intégration comme fonction des pompes, ce qui en ferait le traitement de tout le monde. »