C’est un problème que les médecins généralistes connaissent bien. Il n’est en effet pas rare qu’une brave grand-mère persiste dans son désir de rester à la maison, alors que son état de santé lui imposerait de rejoindre une institution spécialisée, tout simplement parce qu’à côté de son lit, il y a son chat ou son chien. J’ai parfois la dent dure pour les millions d’animaux domestiques qui véhiculent les allergies, rendent nos trottoirs glissants et gâchent la quiétude de quelques week-ends, mais le corps médical – en particulier les psychiatres – prend de plus en plus conscience de l’importance d’un animal de compagnie dans la vie de certains de leurs malades. D’abord, effectivement, chez les personnes âgées, car avant d’être présent auprès du fauteuil et du lit, c’est surtout un excellent moyen pour s’imposer les quelques minutes de marche quotidienne dont on sait qu’elles sont fondamentales pour retarder la perte d’autonomie. Il y a également tous ceux qui souffrent d’un handicap mental. Rien n’égale la patience de l’animal pour éviter le repli sur soi-même, l’absence de compréhension du monde des autres. Par exemple, certains enfants qui arrivent difficilement à articuler quelques mots trouvent une motivation pour apprendre les ordres simples qu’exige la vie avec un chien. Sans banaliser la maladie, la présence d’un animal à leur côté attire spontanément une sympathie qui aide un peu – il n’y a rien de miraculeux – mais un peu tout de même, l’échange avec les autres. Des expériences menées par des psychiatres sont en cours avec des chevaux, un animal qui nécessite encore plus d’attention donc d’efforts, et – pour quelques privilégiés – avec des dauphins dont l’intelligence que l’on n’a plus à vanter en fait d’excellents thérapeutes de l’autisme.
Enfin, n’oublions pas que lorsqu’il est capable de mémoriser plus de 50 ordres simples, un chien devient un véritable auxiliaire médical. Ils ne sont malheureusement que quelques centaines en France alors que les handicapés physiques qui pourraient en bénéficier sont plusieurs dizaines de milliers.
Pour en revenir à la préoccupation du début de ma chronique, la séparation insupportable d’avec son animal de compagnie, sachez que de nombreuses institutions pensent à ce problème. Certaines sont même en train de franchir le pas, même si pour des raisons d’hygiène, le personnel est résolument contre. Une étrange expérience est en cours depuis quelques années à l'hôpital
Charles Foix d'Ivry. Des chats se baladent librement dans le parc, mais
aussi dans les chambres des patients de longue durée.
Une idée en fait toute simple, utiliser des bêtes pour rendre l’hôpital plus humain.