Le diabète de type 2 est une maladie qui se soigne bien mais dont il est encore impossible de guérir. Pour cette raison, les personnes qui en sont atteintes doivent apprendre à vivre et à vieillir avec la maladie. Lors du Congrès annuel de la Société Francophone de Diabète (SFD), le Pr Jean Doucet, gériatre et diabétologue au CHU de Rouen (Seine-Maritime) a expliqué à la rédaction de Pourquoidocteur comment il est possible de vieillir en bonne santé malgré la pathologie.
Dépister et traiter tôt
Environ 50 % des personnes touchées par un diabète de type 2 ont plus de 65 ans. Et un diabétique sur quatre a plus de 75 ans. Pour venir en aide à ces malades de plus en plus nombreux, le Pr Jean Doucet rappelle que, même si cela dépend des patients, il est « plus simple de vieillir avec le diabète, sans complications, lorsqu’il est dépisté et traité tôt. »
D’après ce spécialiste, la clé du bien-être est donc d’accepter rapidement la maladie et les désagréments de la prise en charge qui vont avec.
Une bonne nouvelle, cependant, pour les patients âgés touchés par la maladie, les contraintes sont moins importantes que chez les malades plus jeunes. Le suivi du patient par le médecin est aussi différent puisqu'il s'instaure dans un contexte d'autres maladies, comme l'arthrose par exemple.
Les explications du Pr Jean Doucet, gériatre et diabétologue à Rouen : « Les contraintes sont d'abord alimentaires. Chez le senior, elles sont moindres. Ils doivent plutôt ne pas faire de régimes pour éviter de s'exposer à des manques de sucre. »
Le rôle essentiel des médecins dans la prise en charge
Autre nouvelle encourageante, il serait même possible de vivre avec le diabète de type 2 sans complications à long terme. Jean Doucet confie qu'il y a « des patients âgés, qui ont 25-30 ans de diabète, et n’ont aucun problème de santé. Il s’agit de personnes qui n’avaient pas beaucoup d’hypertension artérielle, qui étaient bien équilibrées sur le plan du diabète, et avec un taux de cholestérol bas, sans surpoids. »
En revanche, l'expert reconnaît que pour ceux touchés par des complications de la maladie (sur le plan rénal, oculaire, ou cardiovasculaire), la vie est plus compliquée.
Alors, pour éviter d'en arriver là, le Pr Jean Doucet souligne que les diabétologues ont un rôle essentiel à jouer. « Il faut d’ailleurs arrêter avec tous ces bruits qui courent actuellement selon lesquels la prise en charge des diabétiques ne sert à rien. Or c’est tout le contraire, il est prouvé aujourd’hui que la mise sous traitements appropriés des diabétiques de type 2, a fortiori âgés, évite des complications dégénératives (des reins, du cœur), mais aussi infectieuses (des pieds). D’autres conseils faciles à mettre en place, comme la pratique d'une activité physique régulière, peuvent aussi améliorer la qualité de vie des malades. Pour les seniors, celle-ci sera bien évidemment modérée et adaptée à l'état cardiaque du patient.
Les explications du Pr Jean Doucet : « Il est également important d'avoir une évaluation de la mémoire par un gériatre à partir de 75 ans. Lorsqu'on a des troubles de mémoire, on est plus sujet à faire des erreurs dans son traitement. »
Les résultats de la cohorte « Gérodiab » dans un an
Pourtant, même s'ils appliquent à la lettre ces conseils, les diabétiques seniors ont tout de même une espérance de vie un peu diminuée par rapport aux non diabétiques. « Des résultats à affiner », du point de vue du Pr Doucet, qui rappelle qu'à cet âge-là, il y a d’autres maladies qui peuvent entrer en ligne de compte (ex : angine de poitrine après un infarctus).
Afin de mieux comprendre ces données, une étude est d'ailleurs menée sur les sujets âgés diabétiques, Gérodiab, qui suit depuis 2009 près de 1 000 malades de DT2 de plus de 70 ans. Son but, observer l'évolution des maladies et des complications liées à la pathologie dans cette population. « Comme ces patients ont été peu étudiés jusqu'à présent, les premiers résultats sur la cohorte prévus dans un an seront très précieux », conclut le Pr Doucet.