Pour éradiquer une superbactérie résistante aux antibiotiques, cinq ingrédients suffisent : de l’ail, de l’oignon, du vin, du cuivre… et de la bile de vache ! Un manuscrit anglais vieux d’un millénaire contient le remède contre le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM). Les chercheurs à l’origine de cette découverte ont présenté leurs résultats étonnants au congrès annuel de la Society for General Microbiology, qui se tient à Birmingham (Royaume-Uni) du 30 mars au 2 avril.
Traduire des textes centenaires
A l’université de Nottingham se tient une expérience entre Moyen-Âge et ère moderne : l’AncientBiotics Project. Des experts du vieil anglais traduisent un livre de remèdes vieux de 10 siècles, des microbiologistes les testent en laboratoire. « Les livres de remèdes et les herbiers médiévaux contiennent de nombreux remèdes mis au point pour traiter ce que sont clairement des infections bactériennes, des plaies suppurantes, des infections aux yeux ou à la gorge, des maladies de peau comme l’érysipèle ou la lèpre, ainsi que les infections pulmonaires », explique le Dr Christina Lee, chargée de la traduction des manuscrits.
Le Bald’s Leechbook est un des livres de remèdes les plus anciens au monde. Il contient notamment une « potion » contre une infection de l’œil, l’orgelet. La recette combine deux espèces d’Allium (ail et oignon ou poireau), du cuivre, du vin et de la bile de vache, qui doivent être laissés de côté pendant 9 jours. « Lorsque nous avons reproduit cette recette en laboratoire, je ne m’attendais à rien », déclare le Dr Steve Diggle, qui a participé aux recherches. « Quand nous avons découvert qu’elle pouvait en fait détruire les biofilms du SARM, j’ai réellement été surpris. »
4 essais, 4 succès
Les ingrédients seuls n’agissaient pas réellement contre les bactéries. Mais la recette et le « brassage » ont permis d’oblitérer la population de SARM chez des souris de laboratoire. Seule une bactérie sur 1 000 a survécu après traitement. Les travaux, reproduits par une chercheuse américaine, ont fait « aussi bien, sinon mieux » que les antibiotiques traditionnels.
Sur les quatre essais réalisés, quatre succès. Reste maintenant à déterminer comment ce remède millénaire agit sur les bactéries. L’hypothèse la plus probable, selon les chercheurs, est qu’il attaque sur plusieurs fronts, ce qui affaiblit la bactérie. L’équipe de Nottingham attend maintenant des financements supplémentaires pour étendre les recherches, voire les réaliser sur des patients humains.