Dans son dernier Baromètre Santé, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) alerte sur la forte augmentation des alcoolisations excessives chez les 18-25 ans. Le phénomène du “binge drinking” se développe chez les jeunes, qui adoptent des comportements plus proches de ceux des Anglo-saxons depuis une dizaine d'années.
Consommation globale en baisse
Pourtant, la consommation totale d’alcool de la population diminue en France. Entre 1970 et 2010 elle a baissé de plus de 46 %. Mais comme dit l’adage, le diable se cache dans les détails : si la consommation quotidienne d’alcool diminue, les ivresses et les alcoolisations ponctuelles prennent des proportions importantes.
Les jeunes sont particulièrement concernés : depuis 10 ans, les 18-25 ans ayant connu un épisode d'ivresse dans l’année sont passés de 33 % à 46 %. Et ils sont maintenant 29 % à déclarer avoir été ivre au moins trois fois dans l’année, contre 15 % en 2005.
Écouter le Pr Amine Benyamina, psychiatre à l’hôpital Paul-Brousse : “Ce qui était une tendance émergente devient une tendance lourde, installée”.
Phénomème plus marqué chez les filles
Les jeunes filles, étudiantes, sont particulièrement concernées par cette augmentation. Elles sont ainsi 28 % à avoir connu au moins trois ivresses en 2014 (contre 8 % en 2005). Quant à la proportion de celles qui déclarent avoir été ivres au moins 10 fois dans l'année, elle a doublé en 10 ans, passant de 2% en 2005 à 11% en 2014.
Le “binge drinking”, c’est-à-dire la consommation d’alcool massive et rapide, se développe en France depuis une trentaine d'années. Le phénomène concerne notamment 14% des 15-24 ans, et 10 % des 25-34 ans. Cette pratique est caractéristique du mode actuel de consommation d'alcool par les jeunes, en comparaison des autres groupes d’âges.
François Bourdillon, directeur général de l’Inpes, estime que « les modes de consommations de nos jeunes se rapprochent de ceux des pays Anglo-saxons ». Il souligne par ailleurs que les différences de consommation entre jeunes femmes et jeunes hommes s’amenuisent.
Écouter le Pr Amine Benyamina, psychiatre à l’hôpital Paul-Brousse : “On a affaire à des filles qui sont moins rétives à la prise d’alcool”.
Mais si leurs consommations ponctuelles s’intensifient, moins de 2 % des jeunes boivent de l’alcool chaque jour. Dans cette catégorie, la palme revient aux seniors : 25% des 65-75 ans consomment ainsi quotidiennement de l’alcool.