Pour ou contre donner ses organes après sa mort ? Une question simple mais dont la réponse semble difficile pour de nombreux Français. Seuls 93 000 ont tranché en s'inscrivant sur le « Registre national du refus » ; pour les autres, le cas échéant, ce sera à leur famille de décider.
Pour éviter cette situation douloureuse, le député PS Jean Louis Touraine, ancien médecin transplanteur, a déposé un amendement au projet de loi de santé, dont l’examen final a débuté hier après-midi à l’Assemblée nationale. Cet amendement suscite l’opposition des médecins et infirmiers « chargés des prélèvements ». Ils ont fait part de leur désaccord, rapporte La Croix, lors d’une réunion « animée » au ministère de la Santé.
Pourtant, rappelle Pierre Bienvault, dans son éditorial, cet amendement ne vise qu'à « mieux faire appliquer la loi », qui – beaucoup l’ignorent – se base sur le principe du « consentement présumé ». Est-ce à dire que faute d’être inscrit sur le registre national du refus, le don est tacitement consenti ? Non, car la loi fait alors obligation aux médecins de demander l’avis à la famille, ce choix étant souverain.
L'amendement prévoit ainsi un renforcement du principe de consentement présumé : si le patient n’est pas inscrit sur le fameux registre, les médecins n’auraient plus qu’un devoir d’information auprès des familles, afin de les prévenir de leur « intention de prélever des organes » sur leur proche décédé… « Mais si une famille s’y oppose formellement les médecins respecteront ce choix », tente de rassurer Jean-Pierre Scotti, de la Fondation Greffe de vie.
Les chiffres de l’Agence de la biomédecine, indiquent qu’en 2014, 20 311 patients étaient inscrits sur une liste d’attente pour recevoir un organe. « Chaque année des centaines de personnes décèdent faute d’une greffe », rappelle Jean-Pierre Scotti, dans les colonnes de La Croix. Actuellement, 32 % des demandes de prélèvements essuient un refus de la part des familles. Interviewé par le quotidien, Jean-Louis Touraine explique n’avoir qu’un seul souhait : « Faire baisser le nombre de refus de prélèvement d’organes, tout en protégeant les familles ».
Face à ce dilemme la solution ne serait-elle pas d'instaurer un registre des donneurs d'organes ? Ce serait une « fausse bonne idée » selon les spécialistes, explique La Croix. En effet, dans les pays qui ont choisi cette option le nombre de greffes a baissé, le nombre de personnes faisant le choix de s'inscrire s'avérant finalement faible. Un constat qui montre à quel point se positionner sur le devenir de ses propres organes après sa mort confine presque au tabou.