Alors que la décision de la cour d'appel de Paris sur le scandale des surirradiés d'Epinal était attendue ce jeudi, son président vient d'annoncer son report. La cour évoque des raisons techniques et a desormais pour « objectif de rendre son arrêt sur le fond début juillet ».
Entre 2001 et 2006, près de 450 patients de l’hôpital d’Epinal, traités pour des cancers de la prostate, avaient été exposés à des surirradiations. En cause : des erreurs de manipulation et de réglage des appareils de radiothérapie. Ainsi, ceux qui ont été le plus gravement atteints ont subi un surdosage de 20 %, les autres entre 8 et 10 %. Depuis une douzaine de ces patients sont morts et beaucoup d’autres souffrent de graves séquelles.
Un premier jugement
Lors du premier jugement rendu en janvier 2013 par la tribunal correctionnel de Paris, les deux médecins, Jean-François Sztermer, 66 ans, et Michel Abertel, 64 ans, avaient été condamnés à quatre de prison, dont dix-huit mois ferme, pour « homicides involontaires », ainsi qu’à 20 000 euros d’amende et une radiation à vie de l’ordre des Médecins. Joshua Anah, le radiophysicien de 57 ans, avait, lui, été condamné à trois ans, dont dix-huit mois ferme, 10 000 euros d’amende et une interdiction d’exercer de cinq ans.
Quatre autres prévenus, dont l’ancienne directrice de la DDASS des Vosges, l’ancien directeur de l’agence régionale d’hospitalisation de Lorraine, la directrice de l’hôpital et l’établissement comme personne morale, jugées pour non-assistance à personne en danger, avaient été relaxés en première instance.
Une « catastrophe sanitaire »
L’ancienne ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, avait, à l’époque, qualifié ce scandale de « catastrophe sanitaire ». En effet, une première erreur de paramétrage, entre 2004 et 2005, du nouveau logiciel de dosimétrie avait entrainé la surirradiation de 24 patients de l’hôpital. La seconde erreur, pointée du doigt, était, quant à elle, liée à la non-prise en compte des doses de rayons déjà reçus par 424 autres patients.
Selon un rapport publié par l’Agence de Sûreté Nucléaire, (ASN) et l’Inspection Générale des affaires sociales, (IGAS), une chaîne de défaillances avait été mis en lumière. Des bâtiments vétustes, des difficultés d'organisation du service qui déléguait le suivi des patients à des médecins non spécialistes et des manipulateurs peu ou mal formés sur un logiciel en anglais, étaient notamment en cause.