Une maison trop propre n’est pas forcément idéale pour la santé des enfants. Une étude parue dans la revue Occupational & Environmental Medicine associe le nettoyage à l’eau de javel et le risque d’infections de la sphère ORL et des poumons. Un lien observé aux Pays-Bas, en Finlande et en Espagne.
Plus d’infections en Espagne
9 000 enfants ont été inclus dans cette étude européenne. Âgés de 6 à 12 ans, ils provenaient d’écoles d’Utrecht (Pays-Bas), de Finlande et de Barcelone (Espagne). Leurs parents ont rempli un questionnaire portant sur le nombre et la fréquence d’infections variées (grippe, amygdalite, sinusite, bronchite, otite, infection pulmonaire) dans les 12 mois précédents.
Ils ont aussi signalé s’ils utilisaient de l’eau de javel au moins une fois par semaine pour l’entretien de la maison. C’était particulièrement le cas en Espagne : 72 % des familles y avaient recours, contre 7 % des foyers finlandais. Ce désinfectant était par ailleurs utilisé dans toutes les écoles espagnoles.
Sans surprise, plus d’infections étaient signalées en Espagne, tandis que la grippe est plus fréquente aux Pays-Bas, qu’elle soit ponctuelle ou récurrente.
Des propriétés immunosuppressives
L’exposition à l’eau de javel augmente le risque d’infection de la sphère ORL. La probabilité de souffrir de grippe est augmentée de 20 %, celle de présenter une amygdalite récurrente est accrue de 35 %. Une légère association existe pour toute infection touchant la sphère ORL ou les poumons. Les auteurs de l’étude avancent deux hypothèses : les propriétés irritantes des composés générés lors du nettoyage endommageraient les parois des voies respiratoires, favorisant l’infection de la flore locale. « L’association avec les infections d’origine communautaire comme la grippe peut être liée aux propriétés potentiellement immunosupressives de la javel », ajoutent-ils.
« La fréquence élevée du recours aux produits d’entretien désinfectants, causée par l’idée fausse mais soutenue par la publicité que nos maisons ne doivent pas avoir de microbes, fait de cet effet modéré (…) un problème de santé publique », estiment les chercheurs. Ils appellent d’ailleurs à des études plus détaillées sur le sujet.