S’il ne s’agissait pas de nucléaire, on pourrait parler d’une bombe à retardement. Des expertises établissent « un lien probable entre les retombées radioactives et les cancers de certains militaires basés en Polynésie ». Information révélée aujourd’hui par le Parisien qui parle d’une « étape décisive » pour les 150 000 victimes potentielles, civiles et militaires, des essais nucléaires français.
Entre 1960 et 1996, la France a effectué 210 essais, 17 dans le Sahara algérien, 193 en Polynésie. 3000 personnes seulement auraient été touchées, selon les autorités.
Mais en 2003, raconte le journaliste Sébastien Ramnoux, l’affaire prend une nouvelle dimension. L’Association des victimes des essais nucléaires (Aven) dépose une plainte; le juge chargée de l’enquête, Anne-Marie Bellot, ouvre une information judiciaire pour homicide involontaire. L’expert Florent de Vathaire conclut à un lien probable entre les retombées radioactives et les maladies pour 6 personnes sur les 15 expertisées. Ce qu’il confirme dans l’entretien accordé au quotidien en ajoutant : « je souhaiterais lancer rapidement une étude globale sur les Polynésiens qui étaient âgés de moins de cinq ans à l’époque de ces essais ». De faibles doses de radioactivité, poursuit ce directeur de recherche à l’Inserm, peuvent avoir des conséquences graves sur la thyroïde des enfants » .
En attendant, les avocats des victimes restent prudents. Car si des faisceaux de présomption existent, ils devront établir un lien de causalité directe entre les essais nucléaires et les maladies. Mais « un pas majeur vers la reconnaissance de la responsabilité des pouvoirs publics » vient d’être franchi, commente le journal. D’autant que c’est le juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy qui vient de reprendre le dossier. Cette grande spécialiste des scandales sanitaires a, entre autres, instruit l’affaire du sang contaminé !