L’anti-nauséeux Motilium et ses dérivés (dompéridone) seraient responsables de 200 morts subites cardiaques en 2012. C’est la conclusion d’une étude parue dans Pharmacoepidemiology and Drug Safety, relayée par la revue indépendante Prescrire. Une estimation largement supérieure à celle livrée en 2014 sur le même sujet.
« Trop de morts subites injustifiées en France », dénonce Prescrire. La revue relaie en effet une publication des plus alarmantes. La dompéridone serait à l’origine de 200 morts subites en 2012, selon les derniers calculs de l’équipe de Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne). Et elle reste largement prescrite puisque la même année, 3 millions de Français en ont consommé.
Prescrire réclame le retrait
La dompéridone (Motilium et autres) est associée à un risque accru d’arythmie cardiaque. La révélation, en 2013, de ces effets indésirables, a déclenché une réévaluation du rapport bénéfice/risque. L’examen a abouti à de nouvelles recommandations. « Les spécialités fortement dosées contenant 20 mg de dompéridone ont été retirées du marché le 10 septembre 2014 », précise l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) sur son site. Une mesure assortie d’un courrier adressé à l’ensemble des professionnels de santé, afin de les sensibiliser à ce risque.
Prescrire réclame donc le retrait total du marché de l’anti-vomitif. « Le danger mortel de la dompéridone est injustifié par son efficace, symptomatique et incertaine au-delà d’un effet placebo », dénonce la revue. Elle pointe également les risques des produits voisins : la métopimazine (Vogalène et autres) et le métoclopramide (Primpéran et autres). « En pratique, sans attendre un "déremboursement" par l’Assurance maladie et surtout un retrait du marché européen, les patients ont intérêt à être informés des dangers de la dompéridone et des médicaments voisins », conclut Prescrire.