L’histoire se déroule à Carhaix, en plein cœur de la Bretagne dans un petit hôpital de proximité. Catherine, directrice des ressources humaines, est envoyée pour restructurer l’hôpital et surtout fermer au final la maternité qui perd de l’argent. C’est dans ce décor que se déroule le dernier film de Marie-Castille Mention-Schaar, "Bowling" qui sort ce mercredi sur les écrans. Il est inspiré du conflit social qui a agité cette ville bretonne il y a quatre ans.
30 mars 2008. Tous les habitants de la petite ville bretonne s'en souviennent. Cette journée où la population est descendue dans la rue pour protester contre le déplacement des services de maternité et de chirurgie de l'hôpital vers Brest. Une mobilisation qui a duré 8 mois, à coup de manifestations et de pétitions, avec un seul objectif maintenir les services de santé à Carhaix. Un histoire douloureuse et emblématique des restructurations hospitalières.
Aujourd’hui à l’hôpital de Carhaix, les services qui étaient menacés de fermeture sont toujours là et surtout en activité. En effet, à la suite de la mobilisation, le Centre hospitalier de Carhaix a finalement fusionné avec le CHU de Brest. Une décision qui n’a pas forcément fait l’unanimité au départ parmi les défenseurs de l’hôpital carhaisien.
Une fusion qui a amélioré l’offre de soins
En fusionnant le 1er juillet 2009 avec le CHU de Brest, l’hôpital de Carhaix a bénéficié d’un plan d’investissement de grande ampleur. Plus de 1,7 millions d’euros ont été investis sur Carhaix en 3 ans. Du matériel neuf a été acheté dans plusieurs services, l’infrastructure a été améliorée, et surtout les équipes soignantes ont été renforcées grâce à des professionnels du CHU de Brest venus prêter main forte aux équipes carhaisiennes.
De grands patrons de médecine y assurent régulièrement des visites. Irène Frachon, le médecin qui a lancé l’alerte concernant le Mediator tient même une consultation de pneumologie tous les 15 jours à l’hôpital de Carhaix. « Toutefois, le premier service qui a pu profiter de l’investissement brestois, même si le changement n’a pas toujours été facile, c’est symbolique aussi, mais c’est la maternité », confie Bernard Dupond, directeur général du CHRU de Brest.
Ecoutez Bernard Dupond, directeur général du CHRU de Brest : « Grâce à la fusion, aujourd’hui pour une femme, accoucher à Carhaix ne constitue pas une prise de risque. »
A Carhaix, il n’y a pas que la maternité ou la chirurgie qui ont récolté les fruits de la fusion. C’est la globalité de l’hôpital qui a été restructurée. « Même si cela reste un hôpital de proximité, tout a été modernisé. A Carhaix on est comme dans une partie du CHU de Brest, même si on est à près de 100km», raconte Bernard Dupond. Alors que les rumeurs de fermeture de services sont restées longtemps présentes dans les esprits, au fils des mois au contraire, ce sont même de nouvelles disciplines qui ont fait leur apparition, apportant une offre de soins de plus en plus variée à la population. C’est ainsi que l’urologie, la chirurgie pédiatrique ou encore la neurologie ou les soins palliatifs ont débarqué à Carhaix. Pour d’autres services, comme la cardiologie, qui n’a jamais été menacée de fermeture, là aussi, le rapprochement avec Brest a entraîné des améliorations.
Ecoutez Jean Yvon Roudaut, cardiologue au CH de Carhaix depuis 1981 : « La fusion nous a tiré vers le haut. Pour le délai de prise en charge d’un infarctus par exemple, grâce aux moyens héliportés, on a beaucoup gagné. »
Pour la plupart des professionnels de santé qui travaillent dans cet hôpital et qui étaient déjà présents au moment « des évènements », la sérénité est revenue. Beaucoup se félicitent de meilleures conditions de travail. Ces progrès indéniables ont-ils été perçus par la population et par les patients de Carhaix et ses alentours ? « Cela ne fait pas de doute, les patients s’en sont aperçus, ils nous le disent en consultation, explique le cardiologue Jean Yvon Roudaut. Ils ont l’impression que la prise en charge dans cet hôpital a fait des progrès, on sent vraiment un regain de confiance ».
A la maternité cependant tout n’est pas encore totalement rose. Si l'existence et la qualité de celle-ci ne sont plus remises en doute, la problématique du faible nombre de naissances annuelles n’est toujours pas résolue. Au moment de la mobilisation, on parlait d'un objectif de 400 accouchements. Un résultat qui est loin d’être atteint. Seulement 213 bébés ont vu le jour en 2011 à Carhaix, c’est 22 de moins qu’en 2010. Pour que le happy end soit vraiment total, les usagers doivent jouer le jeu.
Ecoutez Bernard Dupond: "Le choix de maintenir la maternité correspond aux options politiques prises par le gouvernement. Maintenant il faut que la confiance des patients revienne et ça c'est plus long."