Prévues pour ouvrir en 2012 à Marseille et en 2013 à Paris les « salles de consommation à moindre risque » (SCMR), plus souvent appelées salles de shoot, pourraient finalement se concrétiser d’ici la fin de l’année. Dans la soirée du 7 avril les députés ont adopté l’article 9 du projet de loi de santé qui prévoit une expérimentation de six années pour ces structures. Il aura tout de même fallu quatre heure de « vifs débats » rapporte Le Monde, pour que l’article soit voté à 50 voix contre 24.
Destinées, comme leur nom l’indique, à réduire les risques liés aux injections de drogues, les SCMR visent également à offrir aux toxicomanes un meilleur accès aux soins, ainsi que la possibilité de retisser un lien social. Les SCMR seront gérées par des professionnels des Carrud (centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques chez les usagers de drogue), et accueilleront des équipes pluridisciplinaires associant professionnels de santé et du secteur médico-social.
Outre le bénéfice sanitaire pour les usagers de drogue, les SCMR ont aussi pour objectif de réduire les nuisances liées aux consommations de drogues dans l’espace public. Un argument pas toujours entendu par les riverains, qui à Paris se montrent toujours opposés à l’implantation d’une SCMR au 39, Boulevard de la Chapelle.
Le Maire du Xème arrondissement, Rémi Féraud, déclarait il y a quelques jours dans Le Parisien que son arrondissement était « toujours volontaires pour accueillir la salle de consommation ». Mais l’installation depuis quelques mois d’un camp de fortune de réfugiés en attente d’un départ pour l’Angleterre, complique encore la situation.
Trois SCMR pourraient participer à l’expérimentation prévue par la nouvelle loi de santé. Outre Paris, Marseille est sur les rangs depuis 3 ans, et plus étonnant Bordeaux a confirmé récemment sa participation au projet. Cette décision soutenue par le maire UMP Alain Juppé n’avait pas manqué de créer des remous dans les rangs du parti lors de son annonce, au début du mois de mars 2015.
Les députés UMP étaient d’ailleurs nombreux à s’opposer à l’article 9 du projet de loi de santé. Le Figaro rappelle que Yannick Moreau, avait présenté une proposition de loi visant à interdire les SCMR. Le député UMP considérait que cette expérimentation serait "un très mauvais signal de banalisation de la drogue à l'intention de la jeunesse". Il dénonçait hier les « paradis artificiels officiels ».
Marisol Touraine, avait pour sa part rappelé que l'objectif « n'est pas de banaliser, de faciliter la consommation de drogue mais de prendre en compte des situations qui existent, qu'on les supporte ou pas, qu'on les voie ou pas ». Dans un communiqué récent la Fédération addiction soulignait que la première salle de shoot a ouvert ses portes il y a bientôt 30 ans en Suisse et que selon les statistiques suisses « Les décès par overdose ont été divisés par deux entre 1991 et 2009. Et sur cette même période, on observe un recul de 80 % de la mortalité due au sida chez les toxicomanes. »
Première publication le 08 avril 2015