- L'amendement 917 (art. 35) prévoit d'autoriser la prescription médicale de sport pour les ALD (affections de longue durée).
- La pratique du sport permettrait de réduire de 40% les risques de récidive de cancer du sein et du colon.
- La Sécurité sociale pourrait économiser chaque année 56,2 millions d'euros avec ce dispositif.
Sur les ordonnances, entre le paracétamol et les antibiotiques, figurera bientôt peut-être une nouvelle ligne. Si l’amendement de Valérie Fourneyron est adopté, les médecins seront en effet habilités à prescrire à leurs patients des séances de sport. Le texte sera débattu à l’Assemblée Nationale dans les prochaines heures, dans le cadre de l'exament du projet de loi de santé.
« Remplacer les médicaments par du sport »
« Dans un rapport d’avril 2011, la HAS (Haute Autorité de Santé) constatait que la France accusait un retard certain dans le développement des thérapeutiques non médicamenteuses », peut-on lire dans l’exposé sommaire de l’amendement déposé par l’ancienne ministre des Sports, avec trois autres députés (Brigitte Bourguignon, Pascal Deguilhem et Régis Juanico).
Le texte vise donc à pallier cette lacune française. Dans un entretien au Parisien, Valérie Fourneyron explique qu’elle souhaite « remplacer la longue liste de médicaments par de l’activité physique », arguant, étude à l’appui, que « la pratique d’une activité physique réduit de 40 % le risque de récidive pour un patient atteint d’un cancer du sein ou du colon ».
Des patients sélectionnés pour éviter les abus
Concrètement, les personnes qui se verraient prescrire du sport pourront rejoindre des structures spécialisées, où ils pourront pratiquer un sport adapté à leur pathologie en présence d’éducateurs formés. « Dans chaque région, des réseaux ont été mis en place permettant aujourd’hui d’accueillir ces malades », précise l’ancienne ministre, aujourd’hui députée de la 1ère circonscription de Seine-Maritime.
Par ailleurs, les patients éligibles à ce dispositif seront soigneusement sélectionnés. Seules les personnes atteintes d’Affection Longue Durée (ALD) pourront en bénéficier. La liste comporte une trentaine de pathologies – accident cardio-vasculaire invalidant, maladie coronaire, certains types de diabète… « Il n’est pas question qu’un malade se fasse rembourser par la Sécurité sociale son abonnement dans une salle de sport. Il s’agit d’une prescription bien dosée et d’une activité qui sera assurée par des structures labellisées », conclut Valérie Fourneyron dans les pages du Parisien, qui cite l’exemple des associations de marche nordique.
L’exemple strasbourgeois
L’initiative a déjà lieu à Strasbourg, où l’on pratique le « sport santé sur ordonnance » depuis 2012. Chaque année, plus de 10 000 habitants de la commune et de ses environs sont admis en ALD ; 170 médecins généralistes ont signé la Charte d'engagement leur permettant de prescrire des séances. « Désormais, l'activité physique ou sportive fait partie intégrante du traitement de nombreuses maladies, dans le cadre de l'éducation du patient obèse, diabétique, asthmatique, insuffisant respiratoire, cardiaque ou en rémission d'un cancer », peut-on lire sur le site de la ville. Selon Le Parisien, le dispositif coûte 250 000 € par an et concerne 800 patients.
« En favorisant l'oxygénation des tissus, le sport améliore la fonction cardiovasculaire et pulmonaire, les muscles, le squelette, le système nerveux, le cerveau et les supports de l'immunité », rappelle l'Académie de médecine. En finançant à hauteur de 150 euros une activité sportive adaptée à 10% des patients souffrant de cancer, de diabète ou d'insuffisance respiratoire chronique, la sécurité sociale économiserait chaque année 56,2 millions d'euros, d'après des estimations réalisées par la Mutualité française.