Très chère pollution. Le brouillard de particules propre aux grandes villes ne se contente pas de détériorer la santé des habitants ; il ruine aussi les économies des Etats. La pollution de l'air coûterait un à deux milliards d'euros par an à la France en frais médicaux, selon une évaluation publiée ce vendredi.
Asthme, bronchites…
Ces chiffres proviennent d’une étude menée par des chercheurs de l'Inserm et de l'université Pierre-et-Marie-Curie, qui ont voulu déterminer « au plus près » la part attribuable à la pollution de l'air dans cinq maladies respiratoires répandues, dont l'asthme, les bronchites chroniques et les bronchites aiguës. Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue Environnement, Risques et Santé.
Pour calculer ces coûts médicaux, les scientifiques ont intégré les données relatives aux consultations, examens et hospitalisations des patients dont le nombre explose au cours des pics de pollution. Ils ont également inclus les prestations sociales versées pour les arrêts de travail, ainsi que les hospitalisations attribuables à la pollution pour des maladies cardiovasculaires.
Des données sous-évaluées
Les auteurs de l’étude nuancent toutefois les résultats et expliquent que nouveau calcul reste « entouré d'incertitudes ». « Nos estimations doivent être considérées comme des ordres de grandeur », reconnaissent-ils. Des pathologies comme les rhinites, sinusites et conjonctivites n’ont pas été prises en compte dans l’étude, et auraient pu l’être. « Malgré ces incertitudes, les données manquantes et certaines sous-évaluations, notre étude tente d'aller plus loin que les études précédentes fondées sur le PIB », soulignent les auteurs.
De fait, le calcul du poids de la pollution sur les frais de santé est une science encore incertaine, qui donne lieu à des travaux aux résultats hétérogènes. Trois précédentes études avaient situé le coût pour la santé à des niveaux bien inférieurs, allant de 70 à 600 millions d'euros, rappellent les signataires de l'étude, qui estiment ces données sous-évaluées.
En avril 2014, un rapport de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) a évalué le coût de la pollution, intérieure cette fois, à 19 milliards d’euros annuels - dont l’essentiel est lié aux conséquences sanitaires.