C’est une bien étrange image que publie ce matin Le Parisien. En page intérieure, on y voit une femme aux allures de mamie qui pose fièrement avec son ventre rond. Annegret Raunigk a 65 ans et attend quatre bébés, obtenus par insémination artificielle.
Le quotidien allemand Bild revient sur le parcours hors norme de cette enseignante berlinoise. Ses maternités se racontent en chiffres. Mère de 13 enfants, sept fois grand-mère, elle avait 55 ans lors de cette précédente grossesse.
Mais là, cette prof de russe et d’Anglais bat des records : les quatre ovules implantés ont tous été fécondés, relève le quotidien. Et pas question pour elle de n’en garder qu’un ou deux. […] J’en ai parlé avec mon gynécologue […], j’ai réfléchi et j’ai ensuite pris ma décision, que je connaissais déjà au fond de moi », explique-t-elle à Bild.
Au-delà de ce fait divers qui a franchi les frontières allemandes, cette histoire bouscule les médecins. N’y-t-il pas, en la matière, une barrière éthique ou morale pour contenir le geste médical ? Interrogés par Le Parisien, les spécialistes français semblent unanimes : « C’est de la folie, insiste le Pr Philippe Deruelle, du Collège national des gynécologues et obstétriciens. Nous savons que nous sommes capables techniquement de réaliser une telle prouesse mais, d’un point de vue éthique, c’est n’importe quoi ».
D’ailleurs, La France s’est protégée contre ces demandes délirantes. Pour éviter les grossesses multiples pouvant conduire à de grands risques de prématurité, les médecins n’implantent pas plus de deux embryons.
De son côté, l’Assurance maladie ne prend plus en charge les tentatives d’insémination artificielle après 43 ans. A 45 ans et plus, toute grossesse fait courir des risques importants à la mère et expose l’enfant à de graves séquelles.
Mais, comme le rappelle le quotidien, les gynécologues voient encore débarquer dans leur salle d’attente des quinquagénaires qui ont effectué des inséminations à l’étranger, en Roumanie ou en Espagne. Et bien souvent, la nature rappelle de manière douloureuse la réalité physiologique à ces femmes. « Je me souviens d’une patiente enceinte de 50 ans qui s’est retrouvée à l’état de légume après un AVC, conclut une spécialiste.