- L'étiquetage nutritionnel de l'alcool a été adopté à la Commission Santé du Parlement européen mais doit encore être voté en séance plénière.
- Chez les buveurs réguliers, l'alcool contribuerait à hauteur de 10% des apports journaliers recommandés en calories.
- Un verre de whisky (10cL) équivaut à à 245 Kcal; une pinte de bière (50 cL) apporte 460 Kcal.
Il est rare, lorsqu’on boit de l’alcool, de compter les calories contenues dans son verre. Pourtant, un seul cocktail peut se révéler aussi lourd qu’un repas complet. Et cela, les consommateurs européens sont nombreux à l’ignorer, alors même qu’ils sont les plus gros buveurs du monde.
Un verre de vin = une part de gâteau
Pour pallier ce déficit d’information, le Parlement européen veut mettre en place l’affichage nutritionnel sur les bouteilles d’alcool. Sur les produits vendus dans l’Union Européenne apparaîtraient alors le nombre de calories et les ingrédients contenus dans chaque type d’alcool.
A Bruxelles, la commission Santé du Parlement (ENVI) a adopté cette résolution, par 63 voix sur 68. Le texte a été porté par la députée travailliste britannique Glenis Willmott, qui se bat depuis plusieurs années pour lever le régime d’exception dont bénéficient les produits alcoolisés. Citée par l’AFP, elle explique en effet qu’ « un lourd lobbying de l'industrie » s'est longtemps opposé à ce que l'étiquetage nutritionnel des denrées s'applique à l'alcool.
Pourtant, « les consommateurs ont le droit de savoir qu'un verre de vin a le même nombre de calories qu'une tranche de gâteau », martèle-t-elle, en soulignant que la part de l'alcool dans le régime alimentaire a tendance à être « sous-estimée » et que les consommateurs ignorent tout des « additifs, colorants, conservateurs ou arômes » qu’ils ingurgitent en buvant un verre.
Buveur averti, consommateur modéré
De fait, une étude menée en 2011 au Royaume-Uni par la Royal Society for Public Health a montré que chez les consommateurs adultes britanniques, l’alcool contribue à hauteur de 10 % des apports caloriques recommandés par jour. L’alcool peut rendre obèse, expliquent les auteurs de cette étude qui montre également l’impact de l’étiquetage nutritionnel sur les produits alcoolisés. En effet, lorsque les menus des bars mettent en avant le nombre de calories que représentent ces boissons, les clients auraient tendance à consommer 400 calories de moins que ceux qui n'ont pas été informés.
En l’état, la résolution n’est pas contraignante, et doit encore être approuvée par les députés européens à la fin du mois d’avril en séance plénière. Elle prévoit également d’inscrire un message de prévention sur les bouteilles à l’intention des femmes enceintes.
Petits calculs entre amis
Comme on pouvait s’y attendre, l’industrie de l’alcool a fait preuve d’un enthousiasme très mesuré face à cette proposition. Ses calculs caloriques promettent d’ailleurs d’être tortueux… Le secteur du vin a déjà affiché ses restrictions, arguant que ce produit « n'est pas le résultat d'une recette figée », mais « change d'une année à l'autre », selon le Comité européen des entreprises vins cité par l’AFP. Comme s’il était impossible de chiffrer l’apport calorique du vin.
Le secteur de la bière a trouvé une autre parade. Les quatre principaux brasseurs européens - Carlsberg, Heineken, AB Inbev et SABMiller - ont récemment annoncé leur souhait de se rallier à l’étiquetage « volontaire ». Ils ont donc proposé leur propre affichage, fondé sur une valeur de 100 mL, et ont ainsi pu établir qu’une dose de whishy équivaut à 245 Kcal, 82 pour du vin rouge et 46 pour une bière - soit un verre de jus de fruit !
Le décompte a fait bondir l’industrie des spiritueux, qui estime l’argument fallacieux – ce dont on peut convenir. De fait, il est rare de se servir 100 mL de bière (qui représentent moins de la moitié d’un demi et le dixième d’une pinte), alors que 100 mL de whisky correspondent à une dose généreuse. Quand l’industrie de l’alcool joue aux mathématiciens, la géométrie est variable…