- La iatrogénie médicamenteuse est responsable de 128 000 hospitalisations par an.
- Les 75-84 ans consomment en moyenne 4 médicaments par jour, avec une utilisation inadaptée observée dans 53% des cas.
- 90% des patients interrogés par le Leem accepteraient une révision de leur ordonnance.
Du bon usage du médicament… Chaque année, 128 000 personnes finissent à l’hôpital après avoir absorbé des comprimés thérapeutiques. La iatrogénie médicamenteuse - un terme compliqué pour une réalité très simple - désigne tous les effets indésirables provoqués par une prise de médicaments. Elle regroupe des symptômes aussi variés qu’un coup de fatigue, une hémorragie digestive ou une fracture de la hanche.
Tous les patients sont à risque
Chaque consommateur de médicaments est donc exposé à des risques iatrogéniques. Certains sont inéluctables, puisqu’ils relèvent de la nature même du médicament et du métabolisme de celui qui l’assimile. Mais en réalité, la plupart des iatrogénies sont évitables, puisqu’elles sont bien souvent issues d’une prise inadaptée – erreur de dose, d’horaires, interaction, allergies non connues…
Pour lutter contre ce fléau sanitaire, le Leem, qui représente les entreprises du médicament en France, lance une campagne nationale. Dans la presse grand public et les salles d’attente des médecins, les patients pourront voir des affiches frappées du slogan : « Les médicaments sont là pour vous aider mais… ils ont parfois du mal à vivre ensemble ». Ou l’art de promouvoir un produit tout en informant sur ces dangers potentiels.
Priorité aux personnes âgées
La campagne vise en priorité les personnes âgées, particulièrement exposées aux risques iatrogéniques, et ce, pour plusieurs raisons. En effet, avec l’âge, la modification physiologique des organes (foie, rein…) a pour conséquence une moins bonne élimination des médicaments, qui restent plus longtemps dans l’organisme et augmentent le risque d’interaction.
Ce risque est d’autant plus important que les seniors suivent souvent plusieurs traitements en même temps, impliquant des molécules parfois très différentes. Ainsi, les 75-84 ans consomment en moyenne quatre médicaments par jour, avec une utilisation inadaptée constatée dans plus de la moitié des cas. La diminution des capacités cognitives peut également interférer dans l’observance des traitements.
Moins prescrire, mieux consommer
Pour les entreprises du médicaments, il s’agit de s’engager en tant qu’ « acteurs responsables de santé publique », expliquent-elles, en invoquant des « moyens connus » pour réduire les risques iatrogéniques – sensibiliser les patients, adapter les doses, réviser régulièrement les ordonnances, détecter les prescriptions inappropriées…
Ainsi, dans un communiqué, le Leem décrit les seniors comme une génération « très consommatrice de soins et de médicaments », mais prête à modifier ses habitudes de consommation. L’observation est issue d’un sondage effectué par l’Institut Français des Seniors à la demande du syndicat, réalisé sur plus de 3000 personnes de plus de 50 ans. Ses résultats indiquent que 90% des patients accepteraient que leur médecin révise leur ordonnance pour améliorer la pertinence des prescriptions. « Contrairement aux idées reçues, beaucoup accepteraient volontiers qu’une consultation ne se termine pas systématiquement par une ordonnance ».