Certains marathoniens, comme Mark Korir, ont fini le marathon de Paris en un peu plus de deux heures. D’autres ont mis plus de sept heures. L’amour de la course de fond est sans doute un signal de bonne santé reproductive, selon une étude de l’université de Cambridge (Royaume-Uni). Parue dans PLOS One, elle détaille l’étonnante relation entre l’exposition à la testostérone et l’endurance athlétique.
Des hommes plus rapides
Les chercheurs britanniques ont analysé les performances de 542 participants – dont 439 hommes – au semi-marathon Robin des Bois de Nottingham (Royaume-Uni). Grâce à des photocopies de leurs mains, l’exposition prénatale à la testostérone de chacun a été évaluée. En effet, le rapport entre la taille de l'index et celle de l'annuaire (ratio digital) est représentatif de l'imprégnation hormonale lors de la vie foetale.
Lors du marathon, les 10 % des hommes les plus exposés à la testostérone se sont révélés en moyenne plus rapides (de 24 minutes) que les 10 % les moins exposés, révèle l’étude.
De même, les 10 % des femmes les plus exposées à la testostérone étaient plus rapides (de 12 minutes) que les 10 % d’hommes les moins exposés.
Cette exposition in utero à la testostérone a déjà été associée à un appétit sexuel accru, une plus grande production de spermatozoïdes, une moindre fidélité, mais aussi une meilleure efficience cardiovasculaire.
Un signe de générosité
Les hommes très exposés à la testostérone sont donc de meilleurs coureurs de fond. Mais cette endurance athlétique serait aussi le signe d’un meilleur potentiel reproductif aux yeux des femmes, expliquent les chercheurs.
« Dans notre passé de chasseurs-cueilleurs, les femmes étaient capables de voir la course d’endurance comme le signe d’un bon partenaire de reproduction, analyse le Dr Danny Longman, principal auteur. On pensait qu’un meilleur chasseur aurait plus de viande, une famille plus grande et en meilleure santé (...).
Mais les chasseurs-cueilleurs utilisaient un système égalitaire, avec une distribution de viande qu’on observe toujours dans les tribus d’aujourd’hui. La capacité d’obtenir de la viande souligne des traits sous-jacents d’endurance athlétique, d’intelligence – pour traquer et débusquer les proies – et de générosité – pour contribuer à la société tribale. Des traits de caractères que vous voulez transmettre à vos enfants. »
Conçus pour l’endurance
La capacité à l’endurance est le trait même de l’espèce humaine. « Les hommes sont des coureurs de longue distance incroyablement efficients, de manière comparables aux loups ou aux coyotes, explique Danny Longman. Nous transpirons là où la plupart des animaux auraient trop chaud ; nos tendons et notre posture sont conçus pour propulser la foulée suivante. »
Du point de vue de l’évolution, le développement d’une endurance s’est aussi révélé très utile pour chasser, puisqu’elle permet une dépense d’énergie minime pour un résultat maximal. Un atout qui a dû longtemps avoir une importance cruciale dans le choix des partenaires sexuels.