Un regard lubrique et puis ces mots : « t’es bonne… tu suces ? » - « ben t’en va pas ! ». Foule qui se presse, hommes qui se frottent, mains qui se perdent… Vous êtes bien dans le métro parisien. Le lieu où 100% des femmes ont déjà été « importunées, suivies ou agressées ».
Siffleurs, frotteurs…
Ce constat vient d’un rapport du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) remis ce jeudi à la secrétaire d'Etat chargée des Droits des femmes. En pleine semaine internationale contre le harcèlement de rue, l’instance souhaite attirer l’intention sur la situation dans les transports en commun parisiens.
« Le phénomène peut commencer par un sifflement ou une remarque sur la longueur d’une jupe pour se transformer en insulte ou bien pire en une véritable agression quand un frotteur profite de l’affluence d’un métro pour se masturber devant vous », précise Ernestine Ronai, co-auteure du rapport, interrogée par Le Parisien.
De fait, le harcèlement dans les transports revêt différentes formes. Il se réfère au langage cru et aux sifflements utilisés pour « draguer » – Marivaux doit souvent se retourner dans sa tombe – ainsi qu’aux comportements plus invasifs et agressifs, qui tombent sous le coup de la loi.
De la différence entre séduire et agresser
« Nous disons oui à la séduction. Mais non aux mains aux fesses », précise Ernestine Ronai. Car pour beaucoup, la distinction n’est pas des plus claires. A commencer par les femmes elles-mêmes, qui ont tendance à intégrer ces comportements et à les considérer comme « normaux »… Tout comme les témoins des faits, qui osent rarement protester.
Le HCEfh souhaite donc le lancement d’une campagne nationale, et émet des recommandations pour lutter contre ce fléau. Les auteurs du rapport préconisent ainsi de mieux faire connaître les peines auxquelles s’exposent les harceleurs. A la manière des messages diffusés dans les haut-parleurs des gares pour mettre en garde contre les pickpockets, la SNCF et la RATP pourraient rappeler que toucher une femme sans son consentement est un acte puni de cinq ans de prison et de 75 000 euros d’amende. L’association « Stop Harcèlement de Rue » a d’ailleurs proposé ses propres affiches d’information, inspirées de celles de la campagne menée par la RATP sur le civisme dans les transports.
Le HCEfh souhaite également que le numéro mis en place par la SNCF pour signaler des agressions ou les accidents, le 3117, soit imprimé sur les titres de transport. Enfin, le système d’arrêt à la demande pourrait être expérimenté dans les bus le soir et la nuit. Il permet aux femmes de descendre entre deux arrêts, pour qu’elles aient moins de trajet à parcourir à pied.