Le cas de Vincent Lambert, en état de conscience minimale depuis plusieurs années, a montré à quel point la question de la fin de vie pouvait déchirer une famille. Après l’épouse, les parents et la fratrie du jeune homme, c’est au tour de ses « amis d’enfance » de faire entendre leur point de vue, via un comité de soutien créé le 10 avril, rapporte Le Figaro.
La vie de Vincent Lambert a basculé en 2008, lorsqu’un accident de la route l’a plongé dans le coma. Pendant 6 longues années, le choix de maintenir en vie ou non ce jeune homme a alimenté un « feuilleton médiatique », qui a laissé un goût amer, mais montré les limites d’un système. Faute d'entente entre les membres de la famille, le sort du jeune homme est aujourd'hui entre les mains de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). La CEDH, qui instruit le dossier depuis le début du mois de janvier, doit déterminer si l'arrêt de la nutrition et de l'hydratation, autrement dit l'arrêt des soins, constitue une « violation du droit à la vie » et des « traitements inhumains ou dégradants ». Même si la procédure devrait être accélérée, la décision de la CEDH ne devrait pas intervenir avant encore plusieurs semaines.
Avant que la CEDH ne tranche, Sophie, Guillaume, Benoît ou William ont, eux, décidé de se mobiliser, raconte Le Figaro, pour faire part de « leurs doutes sur l’action de ces médecins qui disent vouloir agir selon la volonté de Vincent et proposent de mettre un terme à sa vie ». Tous amis « pour un moment ou pour toujours » de Vincent Lambert, ils ont créé un comité de soutien pour « Sauver Vincent, tout simplement ».
Ils se disent « choqués par la déferlante médiatique et judiciaire », qui les a amenés à « se mettre en mouvement »… Et veulent aujourd’hui n’être rien de moins que la voix de Vincent Lambert, et celle des « 1700 personnes (…) en situation de conscience minimale » !
Une action qui n’a pas manqué de relancer le débat, alimenté entre autres par une interview récente, dans Le Figaro également, de l’ancien kinésithérapeute de Vincent Humbert (tétraplégique euthanasié par sa mère en 2003). Hervé Messager, qui a rejoint le comité des amis de Vincent Lambert, y dénonçait le manque de soins apportés à Vincent Lambert : « On dit aujourd'hui qu'il n'y a plus d'évolution possible mais, après un tel traitement, plus l'arrêt de sa kiné, de son orthophonie et de toutes les autres sollicitations – lever, mise au fauteuil, etc... – comment aurait-il pu évoluer ou aller mieux ? ».
La loi sur la fin de vie portée par les députés Claeys et Leonetti a été adoptée mi-mars par l'Assemblée nationale, avec deux mesures phares : la sédation terminale profonde et le caractère contraignant des directives anticipées du patient. Un nouveau cadre légal, qui ne va pas assez loin pour certains, mais dont d'autres espèrent qu’il permettra d’éviter que le cas de Vincent Lambert ne se reproduise. Difficile de croire pourtant qu'une loi suffise à surmonter tous les enjeux, émotionnels et spirituels notamment, liés à la question de la fin de vie d'un proche.