Détecter le cancer du sein à partir d’un simple échantillon de sang est possible. C’est ce que révèlent les récents travaux d’une équipe de chercheurs danois publiés dans la revue Metabolomics. Leur test pourrait même prédire la probabilité de développer un cancer du sein au cours des deux à cinq prochaines années.
« La méthode est meilleure que la mammographie, qui pourrait être utilisée uniquement lorsque la maladie est déjà déclarée, affirme Rasmus Bro, auteur de l’étude et professeur de chimie à l’université de Copenhague. Elle n’est pas parfaite mais c’est vraiment incroyable de pouvoir prédire le risque de développer un cancer du sein dans le futur ».
Détecter précocément
L’avantage de leur méthode est qu’elle peut détecter le risque de cancer bien plus tôt qu’auparavant. « C’est important car la maladie est plus facile à traiter si elle est découverte tôt. Au long terme, on pourra peut-être utiliser des modèles semblables pour dépister d’autres maladies », espère Lars Ove Dragsted, professeur de biomédecine à l’université de Copenhague.
Cette nouvelle technique prometteuse consiste à doser certains métabolites – molécules produites par une cellule ou un organe – présents dans le sang et établir le profil métabolique du plasma. Lorsqu’un individu est au stade pré-cancer, ce profil est perturbé. Les chercheurs ont postulé que certaines de ces modifications pouvaient être associées à un risque élevé de développer un cancer.
Une centaine de données
Pour tester leur méthode, les chercheurs ont analysé les échantillons de sang de 800 femmes appartenant à une cohorte de plus de 50 000 femmes suivies depuis 20 ans. Parmi les participantes, 400 femmes ont développé un cancer du sein entre 2 et 7 ans après que l’échantillon de sang ait été prélevé. Ils leur ont également demandé de remplir un questionnaire afin de connaître leur mode de vie et savoir si elles avaient des antécédents familiaux de cancers du sein. Au total, les scientifiques ont combiné une centaine de données pour prédire le risque de chacune des participantes.
D’après leurs résultats, le test sanguin a prédit le développement d’un cancer du sein avec une précision de 80 % alors que la mammographie dépiste la présence d’une tumeur avec une précision de 75 %. Malgré leur enthousiasme, les chercheurs soulignent que leur méthode n’a été testée et validée que pour une population donnée. Elle a donc besoin d’être expérimentée dans des essais de plus grande ampleur.
Ces tests diagnostiques non invasifs sont en projet un peu partout dans le monde. En novembre dernier, une équipe de chercheurs français de l'Inserm annonçait avoir réussi à détecter très tôt un cancer du poumon avant qu'il ne soit visible au scanner. Leur technique repose aussi sur l'utilisation d'échantillons de sang dans lesquels les cellules cancéreuses, très rares à un stade précoce, sont isolées. Au Japon, le centre national du cancer a même débloqué près de 8 millliards d'euros pour mettre au point un test sanguin capable de dépister 13 cancers.