C’est une bataille à la fois dérisoire et idéologique à laquelle vont se livrer majorité et opposition à l’Assemblée nationale. Dans le cadre de la discussion du collectif budgétaire, le gouvernement compte supprimer la franchise médicale de 30 euros par an imposée par ses prédécesseurs en 2011 aux étrangers en situation irrégulière.
« Créée en 2000 sous le gouvernement Jospin, rappelle le Figaro, cette aide médicale gratuite avait pour but de permettre l’accès aux soins d’urgence aux étrangers sans papiers résidant en France depuis plus de trois mois ». Mais entre 2000 et 2011, les dépenses liées à ce dispositif ont été multipliées par huit. Pour y mettre bon ordre, le gouvernement Fillon avait instauré un forfait annuel de soins de 30 euros.
Bataille dérisoire, car cette mesure n’a rapporté en 2012 que 3 millions d’euros à la sécurité sociale. Mais la droite y voit surtout une injustice flagrante. Avec un argumentaire massue. « Il n’est pas normal qu’un retraité qui n’a pas mutuelle soit en situation plus difficile qu’un immigré en situation irrégulière », plaide le patron des députés UMP. D’autres membres de l’opposition font valoir que cette suppression va encourager les abus et favoriser le tourisme médical.
Le reportage réalisé par le Figaro dans un centre médical parisien semble attester des dérives du système. « Cela fonctionne comme un supermarché, témoigne un dentiste. A partir du moment où c’est gratuit, les gens veulent tout ce à quoi ils ont droit, même s’ils n’en ont pas besoin». Et « la plupart des médecins déplorent le manque de contrôle », écrit le journaliste.
Injustice et gaspillage d’un côté, mesure salutaire l’autre. Le Ministre des Affaires sociales et de la Santé souligne que cette franchise a contraint ces personnes en situation de précarité à retarder leurs soins avec le risque de propagation de maladies infectieuses.
Alors comment nos voisins ont-ils tranché ce débat. Il y aurait, selon le quotidien, une exception française en la matière. Soit les immigrés en situation irrégulière payent leurs prestations comme tout le monde, c’est le cas en Allemagne, soit la gratuité est limitée aux situations d’urgence.