Dans le monde, un enfant sur cinq ne bénéficie pas des vaccins de routine qui permettraient d'éviter 1,5 million de décès infantiles chaque année. A l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination qui démarre aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiète du retard pris dans la mise en œuvre des objectifs de vaccination systématique des enfants. Elle explique que « les progrès pour atteindre les cibles mondiales de la couverture vaccinale fixées pour 2015 sont très insuffisants ».
La poliomyélite endémique dans trois pays
La poliomyélite, dont l’éradication mondiale est un objectif de l’OMS, a été éliminée dans tous les pays sauf en Afghanistan, au Nigéria et au Pakistan. Des pays en proie à des conflits ou à une instabilité qui fragilisent le système de santé et par conséquent la vaccination systématique. De nombreux pays ont également subi des épidémies de rougeole l'année dernière, des chiffres qui mettent en péril l'objectif de l'OMS d'éliminer cette maladie d'ici à la fin 2015.
En 2013, près de 22 millions de nourrissons n’ont pas bénéficié des trois doses requises de vaccin DTC3 (diphtérie-tétanos-coqueluche), nombre d’entre eux vivant dans les pays les plus pauvres du monde. Pour l'hépatite B, le taux de couverture vaccinale est de 81 %, à l’échelle mondiale, 41 % pour la fièvre jaune, 25 % pour les maladies à pneumocoque et 14 % pour le rotavirus. Pour le DTC3, la polio et la rougeole, le taux de couverture atteint 84 % au niveau mondial.
Point positif, dans la plupart des pays, les taux de vaccination sont passés de 5 % dans les années soixante-dix à 80 %, en 2013. L’OMS rappelle que même si des progrès ont été réalisés, ils restent insuffisants. Ainsi, l’objectif de couverture vaccinale n’est pas tenu dans 65 pays.
Le Dr Jean-Marie Okwo-Bele, directeur des programmes d’immunisation et des vaccins, indique que « l'Organisation s'efforcera d'intensifier son appui à tous les pays qui sont en retard pour atteindre les cibles de la vaccination. » Selon ses estimations, l’immunisation permettrait d’éviter 2 à 3 millions de décès par an.
Pour cela, la communauté internationale devra consentir à un effort collectif pour progresser et atteindre les six cibles du Plan de vaccination fixé à 2020.
En France, une adhésion au vaccin en hausse
Le Baromètre santé 2014 indique que les Français sont de plus en plus confiants dans la vaccination. Alors qu'ils n'étaient que 61 % des 18-75 ans à y être favorables en 2010, ils étaient 79 % en 2014.
Preuve de la confiance retrouvée, l'Institut national de veille sanitaire (InVS) révèlait récemment que plus de 90 % des bébés de moins de 6 mois étaient vaccinés contre l'hépatite B en 2014. Concernant le pneumocoque, plus de 95 % d’entre eux avaient reçu au moins une dose.
Les données concernant des enfants nés en 2012 montrent également que la couverture contre la rougeole à l’âge de 2 ans progresse, atteignant 92 % pour la première dose et 66 % pour la seconde dose.
Même si les Français pensent à faire vacciner leurs enfants, « ils sont plus négligents pour eux-mêmes et près de 20 % des adultes déclarent ne pas savoir où ils en sont dans leur suivi vaccinal », souligne l'INPES. Par ailleurs, certains vaccins font l’objet de réticences. Ainsi, le vaccin contre le papillomavirus (HPV) n'a été utilisé que par moins de 20 % des jeunes filles qui ont eu 15 ans en 2014. Par ailleurs, moins d'une personne à risque sur deux (personnes âgées et personnes souffrant de certaines maladies chroniques) s'était vaccinée contre la grippe l'an passé.
Flavia Bustreo, directrice générale adjointe de l’OMS chargée de la santé des femmes et des enfants, espère que cette semaine de mobilisation donne « un nouveau souffle aux efforts en faveur de la vaccination pour tous les enfants, où qu’ils soient ».