La petite souris n’apportera peut-être bientôt plus la petite pièce. Des chercheurs de l’Inserm et de l’université Paris Descartes ont réussi à isoler des lignées de cellules souches dentaires mais surtout à comprendre le mécanisme par lequel elles parviennent à réparer des lésions sur les dents. Les travaux, dirigés par Odile Kellermann, auteure principale de l’étude, ont été publiés dans la revue Stem Cells, le 7 avril dernier.
Un organe vivant
Comme le rappellent les chercheurs, « la dent est un organe minéralisé, implanté dans la bouche par une racine. La partie "vivante" de la dent, est constituée de la pulpe dentaire qui contient des vaisseaux et des nerfs. Autour, on retrouve une substance dure, la dentine ou ivoire, elle-même recouverte d’un tissu encore plus dur : l’émail ».
Jusqu'à aujourd’hui, lorsqu’une lésion dentaire (carie) apparaissait, les chercheurs ne comprenaient pas comment les cellules souches dormantes de la pulpe se réveillaient pour tenter de réparer la dent. Le mystère est enfin élucidé.
Modélisation 3D d’une dent. La pulpe dentaire est en jaune. ©Inserm/ Chappard, Daniel
Cinq récepteurs identifiés
En travaillant sur la pulpe dentaire de molaires de souris, l’équipe d’Odile Kellermann a réussi à extraire et à isoler des cellules souches dentaires. Après analyse, ils ont pu identifier à leur surface cinq récepteurs qui sont spécifiques à la dopamine et à la sérotonine, deux neurotransmetteurs essentiels à l’organisme et qui agissent comme des signaux d’alarme.
Ainsi, quand une dent est cassée ou cariée, la dopamine et la sérotonine se libèrent et « recrutent » les cellules souches qui se fixent sur les récepteurs et activent le processus d’autoréparation. Les chercheurs ont pu confirmer leurs résultats en observant un rat privé de ces deux neurotransmetteurs, et chez lequel le processus de réparation ne s’est pas produit.
Une découverte majeure
La recherche actuelle sur les cellules souches ne permettait pas jusqu’à aujourd’hui de pouvoir, à la fois, isoler des lignées de cellules, d’identifier les marqueurs qui permettent de les reconnaître, de découvrir le signal qui les recrute mais aussi la source de ce signal. « Dans ce travail, nous avons pu, de manière inattendue, explorer l’ensemble du mécanisme », explique la chercheuse.
A partir de là, les chercheurs espèrent à l’avenir « envisager des stratégies thérapeutiques inédites qui viseraient à amplifier le pouvoir naturel de réparation des dents sans avoir recours à des matériaux de substitution », conclut Odile Kellermann.
Ces travaux pourraient révolutionner la manière dont les dents cariées ou lésées sont traitées. Un espoir pour tous les phobiques des dentistes.