Depuis le 18 décembre 2013, date de la première greffe sur un patient à l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), chaque nouvelle information autour du cœur artificiel dit « Carmat » fait l’effet d’un scoop. C’est le cas aujourd’hui encore, alors que Libération révèle qu’un troisième patient aurait été greffé.
L’intervention de décembre 2013 avait fait l’objet d’une véritable campagne de communication, avec notamment de nombreuses interviews du Pr Alain Carpentier, chirurgien cardiaque de renom, à l’origine du projet. Les ministres de la Santé et du Redressement productif, Marisol Touraine et Arnaud Montebourg, s’étaient même exprimés aux côtés du chirurgien, lors de conférences de presse. Le cœur Carmat était subitement devenu un objet de fierté nationale, symbole de la réussite des partenariats public-privé.
Mais après le décès du premier patient implanté, 74 jours seulement après la greffe, la société Carmat semblait avoir changé son fusil d’épaule, et mis la pédale douce sur la communication autour de l’avancée du projet. Eric Favereau, journaliste de Libération, évoque dans son article du jour « un black-out total et une opacité complète ». Le quotidien n’a en effet pu obtenir aucune confirmation de cette troisième greffe qui aurait eu lieu à l’HEGP, il y a « près de deux semaines ».
En fin d'après-midi, ce mardi 28 avril, la société Carmat a tout de même consenti à commenter l'information révélée par le quotidien. Un communiqué de presse -laconique- indique que la troisième greffe a bien eu lieu, le 8 avril dernier, à l'HEGP. Cette troisième implantation s'est « déroulée de manière satisfaisante », précise la société Carmat.
Pour le second patient greffé, l’intervention avait été révélée plusieurs mois après l’opération, alors que le patient était prêt à quitter l’hôpital de Nantes pour rejoindre son domicile. Une manière sans doute de favoriser la « communication positive » pour Carmat – société cotée en bourse, comme le rappelle Libération – mais aussi un moyen de protéger le patient et sa famille.
Près de 3 mois après son retour chez lui, le patient opéré à Nantes va bien et il a même accepté de témoigner longuement dans le Journal du Dimanche début avril. Il y disait comme l’opération avait changé sa vie, donnant des détails sur tous ces petits gestes du quotidien qu’il pouvait enfin refaire après des années à voir son autonomie diminuer inexorablement.
Car au-delà des critiques, inévitables, ce projet de cœur artificiel représente avant tout une piste prometteuse pour offrir un espoir à des patients en insuffisance cardiaque sévère, et condamnés à moyen terme car non-éligibles à une greffe classique.