En médecine légale, il est possible de « faire parler l’ADN ». Son analyse permet de confondre le coupable ou d'innocenter un suspect. Mais jusqu’à aujourd’hui, les légistes se confrontait à un dilemme : comment différencier l’ADN de vrais jumeaux ? Un obstacle levé grâce à une technique mise au point par une équipe de recherche britannique. Leurs travaux sont publiés dans l’édition de mai du journal Analytical Biochemistry.
Actuellement, les méthodes d’analyse utilisées se fondent sur des mutations génétiques qui apparaissent au cours de la vie. « Si une mutation est identifiée chez un des jumeaux, elle est recherchée dans les échantillons prélevés sur la scène de crime. Cependant, ces méthodes sont très couteûses et demandent du temps », expliquent le Dr Graham Williams de l’Université de Huddersfield.
Mutations épigénétiques
La nouvelle technique développée par le chercheur et son équipe est moins chère et plus rapide. Celle-ci se fonde sur les mutations épigénétiques qui apparaissent au cours de la vie en fonction des facteurs environnementaux (alcool, tabac, produits chimiques…). Elles ne modifient pas l’ADN et ne se transmettent pas. Elles se traduisent par des mécanismes moléculaires qui activent ou inhibent un gène. Parmi les modifications chimiques possibles, les chercheurs se sont intéressés à la méthylation de l’ADN.
Pour les mettre en évidence, les chercheurs font « fondre » l’ADN. L’élévation de température permet de briser les liaisons hydrogènes dans le génome. Plus il y a de liaisons, plus la température nécessaire pour les rompre est élevée. Les chercheurs ont appelé leur procédé « high resolution melt curve analysis » (HRMA).
Une différence de température
« Ainsi, si une séquence d’ADN est plus méthylée qu’une autre alors la température de fonte des deux échantillons sera différente. Une différence qui peut être mesurée et qui permet de distinguer les jumeaux », explique Graham Williams, auteur principal de l’étude.
Toutefois, cette méthode semble avoir quelques limitations. Si des jumeaux ont été élevés dans le même environnement, il se peut qu’ils n’aient pas développé suffisamment de mutations épigénétiques pour les différencier. Par ailleurs, la technique nécessite une grande quantité de matériel biologique (sang, cellules de la peau, sperme...) qui n’est pas toujours disponible sur une scène de crime.
« Néanmoins, nous avons démontré une avancée considérable vers un test rapide et bon marché qui permettra aux experts médicaux-légaux de différencier les jumeaux monozygotes », conclut le Williams.