« Des p’ti trous, des p’ti trous… » Si vous fredonnez la mélodie du Poinçonneur des Lilas, du regretté Serge Gainsbourg, vous avez de la chance. Vous ne faites pas partie de ceux qui frissonnent, tremblent, s’évanouissent ou vomissent à la vue de « p’ti trous ». Ceux-là vivent un calvaire. Ils sont trypophobes.
Gruyère, rocher, iWhatch
La maladie est mal connue, mais les symptômes, semblables à ceux de toute phobie. Sauf qu’ils ne sont pas générés par la vue d’araignées ou de pigeons, mais bien de petits trous – du genre de ceux que l’on peut voir sur un morceau de gruyère, un rocher, une fleur… et le cadran de l’iWatch.
Le site Daily Dot rapporte l’effroi ressenti par certains Twittos, quelques semaines après la sortie du dernier bijou de technologie d’Apple. Le design de la montre laisse, en effet, apparaître des petits ronds sur l’écran, dans lesquels s’inscrivent les motifs des applications. Un supplice, pour les trypophobes.
Une tendance très fréquente
Cette phobie pourrait bien freiner les ventes de l’iWatch. Certes, la version aiguë de cette peur n’est pas des plus courantes, mais de légers symptômes peuvent malgré tout apparaître de manière fréquente. Ainsi, en 2013, des chercheurs américains ont mené une étude sur ce trouble, publiée dans la revue Psychological Science. Trois cents participants avaient dû regarder des images de petits trous, plus ou moins repoussantes. Selon les observations des scientifiques, 18 % des femmes et 11 % des hommes manifestaient des signes de trypophobie – fuite, démangeaisons, nausées…
Mais en réalité, chacun pourrait être concerné dans une moindre mesure, expliquent les auteurs. « Nous pensons que tout le monde a une tendance trypophobique, sans en être forcément conscient. Chez les personnes non phobiques, les images trypophobiques sont globalement moins agréables à regarder que les autres. »
Selon le site spécialisé tripophobia.com, ces petits trous peuvent donner aux personnes l’impression que « quelque chose vit à l’intérieur et qu’elles peuvent tomber dedans ». La trypophobie serait même un réflexe primitif, qui nous incite à nous éloigner des précipices et des animaux vénéneux qui se cachent dans des trous, comme les serpents. Cela, les designers d’Apple n’y avaient pas pensé.