Le gluten est connu pour causer des intolérances digestives. Elle aurait également des effets néfastes sur les reins et pourrait même aggraver les cas de néphropathies à immunoglobulines A (IgA), ou maladie de Berger. C’est en tout cas ce que conclut une étude de l’Inserm publiée récemment dans la revue Kidney International.
La maladie de Berger est une pathologie du rein liée à une anomalie immunitaire. Elle se caractérise par un dépôt d’IgA et de ses récepteurs au niveau du glomérule du rein, structure qui filtre le sang. Le dépôt excessif de ces protéines provoque une mauvaise filtration du sang qui peut conduire, dans 20 % à 30 % des cas, à une insuffisance rénale.
Un régime sans gluten améliore l’état de santé
Même si à l’heure actuelle, les causes et les mécanismes de la maladie de Berger ne sont pas encore élucidés, de précédents travaux ont montré que les IgA, mais aussi la transferrine et la transglutaminase 2 (deux protéines présentes dans le sang) étaient impliquées dans la pathologie. Il s’avère que ces molécules jouent également un rôle dans la maladie coeliaque, une inflammation gastro – intestinale causée par l’ingestion de gluten. Les chercheurs ont donc supposé qu’il existait un lien entre ces deux pathologies.
Pour tester cette hypothèse, l'équipe de recherche, menée par Renato Monteiro, immunologiste et coauteur de cette étude, a mené des travaux chez la souris. Trois générations de rongeurs atteints de la maladie de Berger ont été soumises à un régime sans gluten. La disparition des dépôts d'IgA et l’amélioration de l’état du glomérule rénal ont été observées. L’introduction du gluten dans l’alimentation des animaux a causé une résurgence de la maladie en seulement un mois.
1 500 nouveaux cas en France
La maladie de Berger touche environ 1 % de la population mondiale. En France, ce sont 1 500 nouveaux cas qui sont diagnostiqués chaque année. Elle se déclare le plus souvent à l’âge adulte à partir de 20 ans, avec une prévalence plus importante chez les hommes que chez les femmes. Les enfants et les personnes âgées peuvent également être concernés.
« L’éviction du gluten a bloqué la progression de la maladie chez la souris, explique Renato Monteiro, coauteur de ces travaux. Nous devons maintenant vérifier s’il en est de même chez l’Homme ». Il insiste sur le fait qu’il « faut mener une étude clinique contrôlée chez les patients, afin d’évaluer le bénéfice réel d’un régime sans gluten ».
D’ici là, le directeur de recherche conseille déjà « d’éviter le gluten le plus tôt possible après un diagnostic de maladie de Berger ». Si cette mesure est prise avant la détérioration du rein, « elle pourrait permettre de prévenir l’évolution vers une insuffisance rénale », conclut-il.