La Suède a annoncé ce mercredi la suspension immédiate de la vente de comprimés de paracétamol dans les grandes surfaces. Cette décision a été motivée par l’explosion (+40 % en moins de quatre ans) des cas d’intoxication liés à la trop grande consommation de ces médicaments. Cette décision rouvre également le débat sur l’importance de la prescription médicale.
Selon Rolf Gedeborg, expert cité dans le communiqué émis par l’Agence du médicament suédois, il y a de « bonnes raisons de limiter l’accès à ces comprimés ». En effet, l’abus de paracétamol peut avoir des conséquences désastreuses sur l’organisme, dont la destruction des cellules du foie et le développement de l’insuffisance hépatique.
Plus facilement accessibles en grande surface
Si les grandes surfaces sont ici pointées du doigt, c’est pour le manque d’encadrement de la vente du paracétamol. Contrairement à une pharmacie, aucun professionnel n’est ici présent pour aiguiller et conseiller le consommateur. De plus, les supermarchés sont souvent ouverts plus tard que les pharmacies, ce qui, selon le communiqué de presse, est un danger, car les médicaments sont plus facilement et plus longtemps accessibles.
Du côté des grands groupes pharmaceutiques, cette décision est bien entendu critiquée. Interrogée par l’agence suédoise TT, une représentante du groupe GSK affirme que « les données présentées ne sont pas suffisantes pour conclure que la vente en grande surface est responsable de cette augmentation. » Quoi qu’il en soit, la décision devrait être mise en place dès le 1er novembre de cette année.
Les dangers de l’automédication
Dans certains pays tels que les Etats-Unis, de nombreux médicaments disponibles sans ordonnance sont déjà mis en vente dans les supermarchés.
En France en revanche, les choses sont plus encadrées. En décembre 2013, l’Autorité de la Concurrence avait émis un rapport favorable à la mise en vente de certains médicaments en grande surface afin de casser le monopole des pharmacies sur leur vente. Marc-Edouard Leclerc, PDG du groupe Leclerc, avait mené campagne dans ce sens.
En septembre 2014, le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, avait cédé à la pression des pharmaciens en rejetant l'idée d'une sortie de ces médicaments de l'officine. Les professionnels avaient justement fait valoir que la vente de médicaments en grande surface allait conduire à un mésusage, une surconsommation et à des intoxications médicamenteuses.