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Institut du thorax à Nantes

Allergies aux acariens : un vaccin dans moins de 10 ans

Par Bruno Martrette

Des chercheurs de Nantes sont en train de mettre au point un vaccin contre l'allergie aux acariens. Testé sur des souris asthmatiques les résultats sont très concluants. 

AP/SIPA
L'asthme a une cause allergique chez 95% des enfants
Après vaccination, le phénotype asthmatique des souris a disparu
Des essais sur l'homme d'ici 5 à 7 ans

D’après l’association Asthme & Allergies, il y aurait plus de 4 millions d’asthmatiques en France. Chez 70 à 80 % des adultes, et 95 % des enfants asthmatiques, il existe une cause allergique. L’asthme peut avoir notamment pour origine une allergie aux acariens.
Alors que la désensibilisation (ou immunothérapie) commence à faire ses preuves contre ce type d'allergie, des chercheurs français veulent aller encore plus loin. Un vaccin pourrait bientôt voir le jour !

 

Disparition du phénotype asthmatique

Dans des travaux publiés dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology des scientifiques de l’Institut du thorax au CHU de Nantes expliquent avoir administré à des souris rendues asthmatiques (et allergiques aux acariens), un peptide spécifique, petite partie d’un antigène d’acarien. Ce vaccin est « à visée préventive », souligne le Pr Antoine Magnan, principal auteur de l’étude contacté par Pourquoidocteur.

 

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Pr Antoine Magnan, chercheur à l'Inserm : « Ce type de vaccination serait intéressante chez des enfants à risques, avec des parents allergiques aux acariens...»

 

Et d’après le chef du service de pneumologie au CHU de Nantes l’expérience aurait été concluante. « En même temps qu'on a rendu la souris allergique, on lui a administré le vaccin. Et ça a marché. On a prévenu l’apparition de l’allergie. Le résultat est que le phénotype asthmatique de cette souris disparaît après l’administration de ce peptide. »

Il rajoute : « Chez la souris on a réussi à supprimer complètement la réactivité des voies aériennes (bronches). L’effet est complet, il n’y a plus rien. On n’a donc pas seulement assisté à une diminution de l’asthme. C’est peut être cela le plus intéressant. »
Dernier point satisfaisant selon l’auteur de cette recherche, il n’y aurait pas d’effets secondaires. « Il s’agit d’une petite partie de la protéine d’acarien donc il n’y a pas de risques de déclencher une réaction allergique », rassure-t-il.

Efficace sur la totalité des acariens

D’après le médecin, ce vaccin pourrait mettre fin à l’immunothérapie actuelle (par voie sous-cutanée ou sublinguale) puisqu'en deux piqûres les animaux ont été protégés pendant plusieurs mois. Mais « en pratique, chez l’homme, on ne connaît pas encore la durée de protection », précise-t-il.
Plus intéressant encore, ce vaccin marcherait sur les deux principaux types d’acariens auxquels tous les allergiques sont sensibles. "Dermatophagoïdes pteronyssinus" et "dermatophagoïdes farinae" sont en effet les espèces d’acariens les plus présentes dans la poussière de maison. Pour idée, un matelas peut contenir près de deux millions d’acariens, et on peut trouver jusqu’à 2 000 acariens par gramme de poussière.

 

Des essais sur l’homme dans quelques années

Avant le début des essais sur l’homme il faudra être patient, car « il faut encore réaliser des tests sur les animaux », confie le Pr Magnan. Il espère cependant pouvoir inclure les premiers patients « peut-être d'ici 5-7 ans, dans moins de 10 ans en tout cas ».

 

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Pr Antoine Magnan : « Ce projet est une collaboration avec des chercheurs autrichiens (...) Nous savons que ce peptide est un bon candidat pour passer en clinique. »