La Suède a annoncé ce mercredi la suspension immédiate de la vente de comprimés de paracétamol dans les grandes surfaces. Une décision motivée par l’explosion (+40 % en moins de quatre ans) des cas d’intoxication liés à une trop grande consommation de ces médicaments.
Un débat sensible
Ces éléments relancent un débat sensible en France. En décembre 2013, l’Autorité de la Concurrence avait émis un rapport favorable à la mise en vente du paracétamol en grande surface afin de casser le monopole des pharmacies sur leur vente. Marc-Edouard Leclerc, PDG du groupe Leclerc, avait mené campagne dans ce sens. Par ailleurs, les Français semblent y être favorables. Selon un sondage Ipsos publié en octobre, deux sur trois plebiscitent la commercialisation des médicaments sans ordonnance au supermarché.
A l’automne 2014, la mesure a été sérieusement envisagée par le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Mais face à la levée de boucliers des pharmaciens, le gouvernement a abandonné l'idée d’intégrer à son projet de loi « croissance et pouvoir d'achat » la sortie de l'officine du paracétamol. A l’époque, les professionnels de santé avaient justement fait valoir que la vente de médicaments en grande surface allait conduire à un mésusage, une surconsommation et à des intoxications médicamenteuses.
Des risques à court et à long terme
De fait, la consommation du paracétamol, médicament le plus vendu au monde, n’est pas anodine. Ses interactions avec d’autres molécules sont encore mal identifiées. Associée à une prise d’alcool, une consommation prolongée peut engendrer des lésions irréversibles au foie. Or, il semblerait que les patients aient tendance à banaliser son usage et à minimiser les risques de ces interactions. En France, le paracétamol est l’une des principales causes d’intoxications, et le premier motif de greffe de foie pour hépatite aiguë grave.
Même à dose thérapeutique (3-4 g/jour), une consommation quotidienne et prolongée serait associée à des risques de troubles cardiovasculaires, gastro-intestinaux et rénaux, selon une méta-analyse publiée en mars dernier. Dans ces travaux, les auteurs affirment que les effets indésirables à long terme du paracétamol restent largement sous-évalués.