Ce matin, les ministres de l’Education nationale et de la Justice se déplacent à Grenoble pour rendre compte des résultats de l’enquête administrative sur des faits présumés de pédophilie dans une école de Villefontaine dans l’Isère. Le 23 mars dernier, le directeur de cet établissement était mis en examen et écroué pour viols aggravés et agressions sexuelles sur des élèves. « (…) Les défaillances se sont avérées nombreuses », a indiqué ce dimanche Najat Vallaud-Belkacem. Cet homme avait déjà été condamné en 2008 à de la prison avec sursis pour recel d'images pédo-pornographiques.
Alors, dans Le Parisien, Claudine Proust pose la question : « Doit-on vérifier régulièrement les casiers judiciaires des enseignants » ?
Pour y répondre, la journaliste a interrogé Jean-Pierre Olié. « Officiellement, répond le psychiatre, la pédophilie ne se définit pas comme une maladie, mais comme un trouble du comportement. Il y a très peu de malades mentaux parmi les pédophiles ».
Pour cet expert, ce trouble est associé le plus souvent à « des comorbidités psychiatriques ». Anxiété, insécurité affective, ce mal-être les empêche d’avoir des relations normales avec les adultes. « S’ils se retrouvent de surcroît dans un contexte professionnel proche d’enfants, le passage à l’acte s’en trouve facilité », poursuit-il.
Encore faut-il distinguer les différents profils de pédophiles. Il y a ceux qui sont atteints d’hypersexualité ou de déficit d’énergie sexuelle qui tentent de trouver une compensation en s'en prenant à des plus faibles, souligne dans le quotidien le chef de service à l’hôpital Sainte-Anne. Le « passif occasionnel », lui, conditionne son passage à l’acte à « la disponibilité » qu’il pense percevoir chez l’enfant. Il se distingue en ce sens du prédateur sexuel.
Peut-on alors s’affranchir de cet état et revenir dans le droit chemin ? Les cas les moins graves correspondent à ceux qui commettent des incestes, explique Jean-Pierre Olié. « Une fois que les faits ont éclaté (…), on peut travailler sur la construction d’un nouvel équilibre, et il ne récidive pas ».
Mais pour les autres, les pédophiles extra-familiaux, « je ne pense pas que l’on puisse parler de guérison », reconnaît-il. La médecine peut les aider à maîtriser leur mal-être, ajoute-t-il, mais rien de plus. Et de conclure : « D’où l’importance de ne pas les laisser au contact de la tentation ».