L’aide humanitaire afflue au Népal, depuis le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a frappé le pays samedi 25 avril. Mais alors que des villages entiers restent désespérément inatteignables et coupés du monde, les ONG et les Etats dénoncent un manque alarmant de coordination.
En effet, alors que le bilan du séisme s’alourdit de jour en jour – 7 276 morts, plus de 14 000 de blessés et des millions de personnes qui manquent de tout – l’aide humanitaire a bien du mal à s’organiser. Des tonnes de denrées alimentaires et d’équipement médical, ainsi que et des dizaines d’équipes de médecins du monde entier ont été envoyées sur place, sans toutefois parvenir à leur destination.
Aéroport saturé, colis inutiles
L’aéroport de Katmandou, qui ne dispose que d’une seule piste, est saturé. L’aide s’y accumule, rapportent les médias. « L’afflux de ces derniers jours ralentit l’acheminement de l’aide, témoigne le responsable d’une ONG française au journal Le Monde. Il nous a fallu attendre 36 heures avant de récupérer notre matériel à l’aéroport. Il manque vraiment une coordination internationale ».
Des critiques reprises en cœur par les différents Etats représentés sur place. Ainsi, le gouvernement indien a lui aussi exprimé son agacement vis à vis de l’organisation de l’aide sur place. « La coordination est un vrai problème, explique un membre au journal Times of India. Toutes les équipes étrangères sont à la disposition de l’Armée népalaise et travaillent sous son commandement opérationnel. Nous ne pouvons aller nulle part par nous-mêmes. Résultat : les choses n’avancent pas avec le rythme et l’efficacité qui s’imposent dans cette situation ».
Par ailleurs, le pays souffre d’une surabondance de dons inappropriés, qui obstruent l’arrivée de l’aide réellement nécessaire. Le ministre des Finances du Népal a ainsi lancé un appel aux donateurs internationaux pour qu'ils envoient des tentes, des bâches et des produits alimentaires de base. « Nous avons reçu des choses comme du thon et de la mayonnaise. A quoi cela va-t-il nous servir ? Nous avons besoin de céréales, de sel et de sucre » a-t-il déclaré.
L’OMS impuissante
L’organisation de l’aide humanitaire est pourtant au centre des préoccupations de l’ONU, qui souhaite à tout prix éviter les erreurs constatées en 2010 lors du séisme en Haïti. A l’époque, l’arrivée massive de groupes humanitaires plus ou moins équipés et compétents n’avait fait qu’ajouter au chaos, faute de coordination et d’identification des besoins réels.
Depuis, l’OMS a mis en place un réseau d’équipes médicales étrangères et un registre sur lequel elles doivent s’inscrire avant de rentrer sur le territoire. L’objectif est d’évaluer avec précision les ressources humanitaires présentes et à venir, et de pallier les défauts d'organisation administrative caractéristique de ces situations. « Nous travaillons avec le gouvernement népalais pour déployer l’aide sur le territoire de manière efficace », assurait à Pourquoidocteur Tarik Jasarevic, porte-parole de l’OMS, le 29 avril. Les résultats ne sont malheureusement pas encore au rendez-vous.