Il aura fallu neuf années de procédures et trois expertises pour que l’affaire soit jugée. Reine Cailton, une patiente opérée pour soigner une occlusion intestinale est ressortie aveugle du bloc. Le tribunal de grande instance d’Angers (Maine-et-Loire) se penche sur ce cas d’erreur médicale, ce mardi.
Une prise en charge tardive
Le 2 février 2006, Reine Cailton, alors âgée de 54 ans, se présente vers 22 heures, aux urgences de la clinique de l’Espérance à Angers pour des maux de ventre. Le diagnostic tombe rapidement : occlusion intestinale. « Mais la retraitée, laissée sans surveillance plusieurs heures, n'est opérée que vingt-quatre heures plus tard, malgré des signaux très alarmants », explique Le Parisien.
Ce retard dans la prise en charge de la patiente aura de lourdes conséquences. Le quotidien rapporte même que « l’un des médecins se contentera de prescrire des traitements par téléphone ».
L’état de santé de la patiente s’aggravera jusqu’à un arrêt cardiaque. Les nerfs optiques ont dès lors cessé d’être alimentés, « ce qui l’a rendu aveugle », précise Nicolas Orhan, son avocat.
« Ma mère était une femme vive, brillante, apprêtée. Aujourd’hui, elle n’a plus goût à rien. Elle passe ses journées assise dans son fauteuil », explique Isabelle Siraudin, la fille de la retraitée. « Aucune indemnisation, aucune reconnaissance d’erreur, pas d’excuse, même pas de compassion », déplore-t-elle sur BFMTV.
Des décisions « inappropriées »
Pour Nicolas Orhan, cité par Le Parisien, « la mauvaise prise en charge de la patiente a une relation directe, certaine et exclusive avec sa cécité actuelle ». La responsabilité de la clinique, du chirurgien et de l’anesthésiste ne fait aucun doute pour l’avocat, qui s’appuie sur plusieurs expertises médicales « accablantes ». La dernière en question fait état de nombreuses « négligences fautives : retard au traitement chirurgical, réanimation non conforme, décision inappropriée, prise en charge inadaptée ».
Reine réclame aujourd’hui deux millions d’euros d’indemnisation. « Depuis neuf ans que cela dure, la famille n’a perçu aucune aide financière, les médecins persistant à dire qu’ils n’ont fait aucune faute », conclut Nicolas Orhan.