En France, la bactérie Clostridium difficile est la première cause d’infection nosocomiale chez l’adulte hospitalisé. Les colites provoquées par cette bactérie seraient même responsables de la mort de plus 30 000 personnes aux Etats-Unis. Pour la plupart des patients, l’infection est traitée grâce à des antibiotiques spécifiques. Mais dans 3 cas sur 10, l’infection réapparait.
C’est pourquoi une équipe américaine a mis au point un traitement à partir de souche bactérienne non pathogène capable de réduire la résurgence de la maladie. Ils ont publié leurs travaux ce mardi dans la revue scientifique JAMA.
Administrer des souches non pathogènes
L’infection à C.difficile survient surtout chez des patients suivant un traitement antibiotique à des doses élevés ou pendant de longues périodes, en particulier dans les établissements de santé. La flore intestinale de ces malades est alors partiellement détruite, ce qui permet à la bactérie de se développer. Les toxines produites par celle-ci provoquent une inflammation du côlon et des diarrhées qui peuvent être très intenses.
Afin de prévenir les récidives de colites, les chercheurs de l’Université de Loyola à Chicago ont recolonisé le système digestif de patients avec des souches qui ne sécrètent pas de toxines. Ces bactéries non pathogènes ont été administrées par voie orale à 168 malades ayant suivi le traitement antibiotique. Ils ont testé plusieurs concentrations et périodes de temps (1 ou 2 semaines) pour évaluer la plus efficace. Ces différentes posologies étaient comparées à un groupe contrôle à qui un placebo était administré pendant 14 jours.
Moins de récidives
Grâce à cette colonisation bactérienne, la récidive de l’infection à C.difficile était moins importante chez les patients ayant reçu le traitement comparé au groupe placebo. En effet, la résurgence de l’infection a été de 5 % avec la solution la plus concentrée contre 30 % avec le placebo. Cela signifie que plus la colonisation est importante, plus la récidive diminue.
Par ailleurs, le traitement est mieux toléré. Chez les patients recevant le traitement, 46 % se plaignaient encore de diarrhées tandis que qu’ils étaient 60 % dans le groupe contrôle. Les douleurs abdominales concernaient deux fois moins de malades grâce au traitement.
Alternative à la transplantation fécale
Pour le moment les chercheurs ne connaissent pas le mécanisme d’action pouvant expliquer ces résultats. Ils supposent, toutefois, que la souche non pathogène entre en compétition avec la souche sécrétant des toxines. Occupant la même « niche écologique » dans le système digestif, la souche inoffensive semble pouvoir remplacer C.difficile.
Les chercheurs soulignent que la taille de leur échantillon était petit. Ainsi, ces résultats devront être confirmés dans une étude plus large. Si tel est le cas, ce traitement pourrait être une alternative intéressante à la transplantation fécale.
Cette greffe de flore intestinale à partir d'un individu sain permet de reconstituer un microbiote sain chez des malades. Malgré sa grande efficacité, cette méthode présente quelques inconvénients comme la contamination par un virus ou un autre pathogène.