Malgré l’interdiction de la vente de tabac aux mineurs (décret du 25 mai 2010), les buralistes restent les premiers fournisseurs de cigarettes pour les jeunes de 12 à 17 ans. Ces chiffres inquiétants sont issus d’une étude menée sur un échantillon représentatif de 2 % des élevés des collèges et lycées parisiens, soit 1776 fumeurs occasionnels et réguliers.
Des buralistes dans l'illégalité
Les détails de l’enquête sont sidérants. 94 % des 16-17 ans achèteraient leurs cigarettes chez le buraliste. Ils seraient même jusqu’à 72% chez dans la tranche des 12-15 ans, le plus jeune échelon étudié ici.
Ainsi, il est désormais prouvé que les buralistes ne respectent pas la loi « alors qu’ils sont investis d’une mission de service public, ont l’interdiction de vendre des cigarettes aux mineurs » souligne le Pr Bertrand Dautzenberg, interrogé par l’AFP. Ce dernier, pneumologue impliqué de longue date dans la lutte anti-tabac, est le président de l’association Paris Sans Tabac.
Le taux d’achat en bureau de tabac le plus élevé concerne les 16-17 ans (80 %). Il est égal à celui observé chez les jeunes majeurs (18-19 ans). Les buralistes sont également montrés du doigt pour ce qui est de la vente des cigarettes électroniques, interdites aussi aux mineurs.
L’étude constate également que si les plus jeunes ne s’approvisionnent pas chez les buralistes, ils ont toujours la possibilité de la faire sur internet ou via des grands frères ou des connaissances majeures.
Une loi loin d'être dissuasive
Et pourtant, les buralistes reconnus coupables de la vente de tabac aux mineurs encourent de graves sanctions. Courant 2011, un contrevenant s’était vu infliger une amende de 900 € et avait dû payer 7500 € de dommages et intérêts pour avoir vendu un paquet de cigarettes à une jeune fille de 16 ans. A l’époque, l’inefficacité de l’interdiction de vente aux mineurs avait été pointée du doigt. Dans certains pays (Finlande, Belgique…), le taux d’application de cette interdiction est de 93 % comme l’indiquent les chiffres du CNCT (Comité National Contre le Tabagisme). .
Toujours selon le CNCT, 40 % des fumeurs français seraient âgés entre 16 et 25 ans. De plus, 26 % des jeunes Français de 15 ans seraient des fumeurs réguliers alors que l’âge de la première cigarette se situerait entre 11 et 12 ans. La France est un pays particulièrement touché par le problème de la cigarette chez les mineurs.