- L'épidémie d'Ebola a touché 26 000 personnes en Afrique de l'Ouest, principalement en Guinée, Sierra Leone et au Libéria. Plus de 10 000 sont mortes.
- Les premiers cas sont survenus en décembre 2013. Ce n'est pourtant qu'en août 2014 que l'Organisation Mondiale de la Santé reconnaît une "urgence de santé publique mondiale."
- Un groupe d'experts indépendants a été commissionné par l'ONU. Il est chargé d'évaluer la réaction de l'OMS et de pointer les défauts de l'agence sanitaire.
L’épidémie d’Ebola touche à sa fin en Afrique de l’Ouest. Elle est officiellement terminée au Libéria et la semaine du 3 mai n’a vu émerger que 18 cas de fièvre hémorragique virale. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne crie pas victoire pour autant : la maladie aura infecté 26 000 personnes et dont près de la moitié est décédée. C’est à présent l’heure du bilan pour l’agence sanitaire de l’ONU.
Un groupe d’experts indépendants a été chargé d’évaluer la réponse contre « la plus complexe flambée épidémique jamais observée. » Son rapport intermédiaire sera présenté à l’Assemblée mondiale de la Santé, qui se tient du 18 au 26 mai à Genève (Suisse). Outre les retards, longuement décriés par les associations sur le terrain, c’est un problème structurel qu’observent les experts.
Un retard incompréhensible
L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a débuté en décembre 2013. Mais l’OMS ne reconnaît la menace pour la santé publique mondiale qu’en août 2014. Il faut attendre le mois de septembre et la création de la Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola (UNMEER) pour que la riposte prenne l’ampleur nécessaire. Près d’un an et demi plus tard, les experts ne comprennent « toujours pas pourquoi les avertissements lancés en amont, entre mai et juillet 2014, n’ont pas déclenché d’action efficace et adaptée. »
« Les pays les plus touchés, les autres Etats Membres de l’OMS, le Secrétariat de l’OMS et la communauté mondiale au sens large ont tous été dépassés par la propagation rapide du virus Ebola. » C’est sans doute la déclaration la plus marquante du rapport préliminaire. L’épidémie a mis à mal les systèmes de santé des pays les plus durement frappés (Guinée, Libéria, Sierra Leone). Mais l’OMS elle-même a vacillé face au virus.
Manque de collaboration
La liste des lacunes incombant à l’agence sanitaire de l’ONU est longue. Les experts reconnaissent le caractère complexe de l’épidémie : les frontières sont poreuses et très sollicitées, les systèmes de santé peu solides et le virus particulièrement contagieux. Les informations sur le terrain étaient également peu fiables. En fait, jugent les experts, la position de l’OMS elle-même est difficile à définir.
Mais l’Agence onusienne a trop peu travaillé en lien avec les autorités locales. Les anthropologues médicaux, en particulier, ont été trop peu mis à contribution, d’où les réticences des populations. « Globalement, l’OMS doit améliorer sa capacité à travailler en partenariat pour la préparation et la riposte aux situations d’urgence », tranchent les rapporteurs.
La lenteur de l’OMS est au cœur des reproches. Ses causes sont principalement structurelles. « Aujourd’hui, l’OMS ne possède ni la capacité opérationnelle ni la culture nécessaires pour engager une action d’urgence complète en santé publique », peut-on lire dans le rapport. Il appelle de ses vœux un éclaircissement de la structure de commandement de l’agence, ainsi que plus de moyens alloués à l’aspect opérationnel. Mais les membres de l’OMS ne sont pas les seuls à devoir évoluer. Les dirigeants mondiaux doivent participer au nouveau rôle de l’agence sanitaire de l’ONU. Les pays membres, eux, doivent renforcer leur système de santé.