Personne n’échappe aux pesticides. C’est l’amer constat du rapport Santé : les pesticides sèment le trouble publié par l’ONG Greenpeace, qui met en avant les risques bien réels de leur utilisation. Si de nombreux produits phytosanitaires utilisés sont autorisés par l’Union Européenne, ils resteraient un danger important pour les agriculteurs, mais aussi pour le reste de la population. Greenpeace plaide en faveur de l’interdiction progressive des pesticides chimiques de synthèse tout en favorisant l’élaboration de pratiques agroécologiques.
Des dangers bien réels sur la santé
D’après les conclusions du rapport, les agriculteurs et leurs familles seraient les premiers touchés. En effet, leur exposition aux pesticides est bien plus forte que le reste de la population. Selon une étude menée en Europe, pas moins de 33 résidus de substances phytosanitaires seraient présentes dans les cheveux d’agriculteurs, dont une quinzaine sont classées comme cancérogènes probables par l'Organisation mondiale de la santé. « Il est honteux que ceux qui nous nourrissent souffrent autant de l’usage intensif des pesticides », affirme Suzanne Dalle, chargée de campagne chez Greenpeace France.
Quelles sont les conséquences de cette exposition ? Selon Greenpeace, les femmes enceintes et les enfants seraient les personnes les plus vulnérables face aux pesticides. En effet, le fœtus est très sensible à ces substances qui peuvent avoir des conséquences ultérieurement sur la taille des enfants ou leur développement cérébral. De plus, les leucémies seraient également plus fréquentes parmi les enfants exposés. « Les associations statistiques entre l’exposition à certains pesticides et l’incidence de certaines maladies sont irréfutables et ne doivent pas être ignorées », soutient Suzanne Dalle.
On apprend également dans le rapport que des substances toxiques liées aux pesticides sont présentes dans les aliments que nous consommons quotidiennement. Nous serions donc exposés à des « cocktails » de résidus, en particulier présents dans les fruits et légumes, dont les effets sont encore aujourd’hui mal compris mais seraient loin d’être négligeables pour la santé des consommateurs. Selon une étude de 2011, le taux de pesticides dans les aliments est tel que le schéma de consommation actuel entrainerait une propagation rapide des pesticides. De cette manière, y échapper relève de l’impossible.
Vers l'avénement d'une agriculture biologique ?
Comme solution, Greenpeace propose un arrêt progressif de l’utilisation des pesticides. Ils demandent également aux autorités l’amélioration du processus d’évaluation des risques liés aux produits phytosanitaires au sein de l’UE. Si le « tout pesticide » n’est pas viable, l’ONG croit savoir que l’agriculture écologique est la seule alternative pérenne. Entre 2002 et 2011, la superficie des parcelles cultivées en agriculture biologique en Europe est passée de 5,7 millions d’hectares à près de 10 millions. Ces chiffres sont encourageants, ils montrent qu’une agriculture sans pesticides est désormais possible et que si l’on s’en donne les moyens, elle peut devenir la norme.
Ce rapport est publié dans une période où les pesticides sont au cœur de tous les débats. En mars dernier, l’OMS avait qualifié de cancérigènes probables cinq pesticides souvent utilisés dans les jardins. Plus récemment, la famille d’un vigneron, décédé en 2012 à la suite d’un cancer des bronches, avait porté plainte contre X. Il avait pendant quarante ans utilisé un pesticide contenant de l’arsenic.